Dans un contexte chargé de tensions, le Senat de Californie a abandonné une disposition controversée d’un projet de loi sur l’énergie solaire, AB 942, qui menaçait de rompre les contrats solaires existants des propriétaires. Ce retournement fait suite à une forte mobilisation du public, mettant en lumière les enjeux cruciaux du secteur énergétique.
Projet de loi sur l’énergie solaire en Californie : Révisions et Retraits Controversés
Le Sénat de Californie a abandonné une clause controversée d’une loi solaire à venir qui aurait rompu des contrats de longue date avec des propriétaires californiens après un important retour du public face aux projets de l’État. Cette décision marque un tournant dans la manière dont les contrats pour l’énergie solaire résidentielle sont gérés en Californie.
Historique de la législation
Depuis plusieurs mois, le projet de loi AB 942 était en cours d’examen au sein de la législature californienne, proposant des changements importants quant à la gestion des contrats solaires résidentiels. Le concept de "net metering" (ou comptage net) permet aux propriétaires de vendre l’excès d’énergie solaire produit au réseau électrique, leur donnant un crédit qu’ils peuvent utiliser lorsque leur système solaire ne produit pas d’énergie. Environ 2 millions de propriétaires en Californie ont signé des contrats de 20 ans lors de l’achat de leurs systèmes solaires, espérant que ces panneaux solaires rentabiliseraient leur investissement significatif au fil des décennies.
Problèmes rencontrés par les compagnies d’électricité
Ce système a longtemps été une source de tension entre les compagnies d’électricité privées réglementées de l’État, qui se spécialisent dans la vente d’électricité. Ces dernières ont montré peu d’intérêt à acquérir de l’énergie produite par des particuliers. Par conséquent, les compagnies d’électricité ont constamment tenté d’inclure des formulations dans les projets de loi qui affaibliraient les contrats de comptage net.
Le dernier plan proposé par la Commission des services publics de Californie, en réponse à un ordre exécutif du gouverneur Gavin Newsom, avait été rédigé par un ancien cadre d’une compagnie d’électricité. Ce plan s’appuyait sur des justifications discutables, affirmant que les clients solaires étaient responsables de l’augmentation des factures d’électricité en transférant les coûts des clients solaires aux clients non solaires. Cependant, des analyses ont démontré que l’énergie solaire résidentielle avait en réalité contribué à économiser environ 1,4 milliard d’euros pour les consommateurs.
Clause de rupture de contrats
Le point le plus controversé du projet de loi AB 942 était qu’il permettait de rompre les contrats de l’énergie solaire installés sur les toits. Initialement, le projet de loi prévoyait de rompre tous les contrats existants, mais il a ensuite été modifié pour s’appliquer uniquement aux contrats des propriétaires qui vendaient leur maison. Cette capacité de transférer des contrats était essentielle pour de nombreux propriétaires lors de la décision d’achat, car la possibilité de générer leur propre énergie et de réduire leurs factures d’électricité augmentait la valeur de leur propriété.
Ce changement a suscité l’indignation parmi de nombreux propriétaires de systèmes solaires et des organisations associées à l’industrie. Plus de 100 organisations se sont unies pour contrer cette tentative, soutenant qu’il fallait cesser de blâmer des consommateurs qui tentent de réduire leurs émissions de carbone et se concentrer plutôt sur les véritables causes des augmentations des prix de l’électricité, liées aux dépenses élevées et aux profits des compagnies d’électricité.
Réaction du public et des élus
Des manifestations ont eu lieu devant les bureaux des membres de l’assemblée de Californie pour s’opposer à la loi. Les représentants de l’État ont également reçu un grand nombre de commentaires négatifs concernant la proposition de rompre les contrats solaires.
Cependant, récemment, le langage permettant de rompre ces contrats de toiture a été retiré par le Comité de l’énergie du Sénat californien, dirigé par le sénateur Josh Becker. De plus, des passages qui attribuaient aux consommateurs la responsabilité de la hausse des tarifs de l’électricité ont également été supprimés du projet de loi.
Bien que le projet de loi ne soit pas définitivement adopté et ait seulement été approuvé par le Comité de l’énergie, l’avancement de projets de loi en Californie ne suscite généralement pas beaucoup de débat au moment du vote en raison de la supermajorité démocrate dans l’État. Si ce projet de loi avance vers un vote, il semble donc probable qu’il sera adopté.
Évaluation du projet de loi
Cependant, le projet de loi n’est pas sans défauts pour les propriétaires de systèmes solaires. Il interdit à toute personne ayant une facture d’électricité annuelle de moins de 280 euros de recevoir le "Crédit climatique californien", qui est un remboursement pour les clients des services publics financé par la taxe sur le carbone appliquée à l’industrie polluante. La justification de cette exclusion est faible pour les propriétaires qui contribuent déjà à la lutte contre le changement climatique en installant des systèmes solaires.
Néanmoins, cette limitation ne devrait pas affecter de nombreux clients puisque la plupart des utilisateurs de systèmes solaires paient encore une taxe annuelle de connexion au réseau d’environ 280 euros, et beaucoup ont une petite facture d’électricité à la fin de l’année.
En outre, la question des frais de connexion au réseau suscite également des controverses. Ces frais ont été qualifiés de "taxe sur le soleil" dans certaines juridictions, et cela donne l’impression de taxer injustement ceux qui contribuent à la réduction des émissions de carbone. Pourtant, certains justifient cette mesure en affirmant qu’un paiement est dû pour l’utilisation des infrastructures, bien que l’on puisse se demander si ce n’est pas là la fonction même des taxes.
En résumé, bien que le projet de loi ne soit pas parfait pour tous les propriétaires solaires, il représente un progrès et un exemple de la manière dont, dans une démocratie fonctionnelle, le public peut freiner des lois prévues, ou des parties de celles-ci, en mobilisant suffisamment d’efforts.
Mon avis :
Le retrait de la clause controversée d’AB 942, qui menaçait les contrats de panneaux solaires, est une victoire pour les propriétaires californiens face à des pressions des compagnies d’électricité. Cependant, des restrictions sur le crédit climatique et des frais de connexion restent problématiques, soulevant des interrogations sur l’équité envers les consommateurs investissant dans les énergies renouvelables.