Lorsque le Bureau national d’enquête de Finlande (KRP) a récemment recommandé de signaler les drones au numéro d’urgence 112, cela a suscité des inquiétudes. Des experts en drones, tels que Stephen Sutton, PDG de FlyBy Guys, critiquent cette approche, craignant qu’elle n’alimente la peur injustifiée et ne nuise à la communauté aéronautique.

La recommandation de signaler d’abord, poser des questions ensuite : les pires conseils sur les drones

Récemment, lors d’une annonce, le Bureau national d’enquête de Finlande (KRP) a encouragé les citoyens à signaler les observations de drones au numéro d’urgence 112. Bien que cette initiative visait à promouvoir la sécurité, elle a suscité confusion et critiques parmi des experts en drones. Ces derniers affirment que cela risquait de semer une peur inutile et de provoquer de faux alertes.

Dans un article publié dans Iltalehti, Mikko Eränen, responsable des opérations au sein du KRP, invite le public à notifier les autorités « sans hésitation » s’ils aperçoivent un drone « volant dans une zone où l’on pense que le vol est interdit ». Bien que la police reconnaisse que la plupart des observations se révèlent être des vols récréatifs ou des aéronefs mal identifiés, Eränen affirme qu’il est « bon de signaler » toute activité suspecte, même en cas de doute. En effet, cela signifie que quiconque apercevant une lumière clignotante dans le ciel pourrait — et devrait — composer le numéro d’urgence 112 de la Finlande. Eränen estime que ces rapports aident les autorités à « intervenir rapidement si nécessaire » avant qu’un drone ou son opérateur ne quitte les lieux.

La recommandation de signaler tous les drones pourrait nuire à la confiance publique

Ce conseil peut sembler prudent. Cependant, pour les professionnels qui s’appuient sur les drones pour des opérations quotidiennes, ce discours est alarmant — un autre cas de panique mal placée qui risque de faire passer les utilisateurs légitimes pour des menaces.

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Dans un article de blog virulent, Stephen Sutton, PDG de FlyBy Guys — une entreprise spécialisée dans les services de drones — avertit que le message « signaler d’abord, poser des questions ensuite » est dangereusement simpliste et pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les opérateurs responsables. En effet, encourager les citoyens à appeler les services d’urgence pour « toute » observation de drone revient à assimiler les drones à des menaces, malgré le fait que la majorité d’entre eux sont pilotés légalement et en toute sécurité. « Cette perception sape des années de travail effectué par des professionnels et des amateurs de drones qui ont cultivé une culture de la sécurité. Cela décourage également les nouveaux utilisateurs de rejoindre le loisir ou l’industrie, craignant d’être considérés comme suspects même lorsqu’ils volent légalement », indique Sutton.

Les policiers admettent eux-mêmes que la plupart des rapports concernent des amateurs ou des aéronefs mal identifiés. Eränen concède même que distinguer un drone d’un avion « est un défi même pour les professionnels », en particulier la nuit. Malgré cela, le message persiste : voir quelque chose, dire quelque chose.

Une réaction exagérée

C’est la même posture réactionnaire qui a, à plusieurs reprises, plongé des aéroports et des communautés dans le chaos à travers l’Europe — de l’aéroport de Gatwick à Londres en 2018 aux fermetures récentes en lien avec des drones sur le continent.

Le problème ? Souvent, il n’y a pas de drone du tout.

L’écosystème des drones en Finlande a longtemps été un modèle d’équilibre : des réglementations pragmatiques, des outils de données ouverts comme Flyk.fi, et un solide bilan de sécurité opérationnelle. Ce cadre repose sur la compréhension publique : l’idée que tous les drones ne sont pas des espions dans le ciel. Cependant, lorsque la position officielle évolue vers l’encouragement du public à signaler chaque observation suspecte de drone, peu importe le degré de certitude, les dommages peuvent être profonds.

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Pour des professionnels comme FlyBy Guys, qui exploitent des drones dans le monde entier pour des inspections, des cartographies et des interventions d’urgence, la perception est primordiale. Comme l’explique Sutton dans son article :

La perception du public évolue souvent plus lentement que la clarté réglementaire. De nombreux membres du public perçoivent encore les drones comme « suspects », surtout dans un climat mondial où les drones sont utilisés dans la guerre et la surveillance. Cette perception crée un cercle vicieux : plus les gens sont encouragés à appeler les services d’urgence pour des observations incertaines, plus les drones sont perçus comme une menace plutôt qu’un outil.

Encourager les citoyens à composer des numéros d’urgence pour de vagues « observations de drones » peut donc mener à la confusion. De faux rapports encombrent les lignes d’urgence, gaspillent des ressources et peuvent même provoquer la panique. Imaginez un hélicoptère de secours retardé parce que la police poursuit des drones fantômes.

L’ironie réside dans le fait que l’autorité aéronautique de Finlande promeut des pratiques de vol responsable par le biais de cartes publiques et d’éducation. Les vols sont généralement permis sauf interdiction spécifique : une politique fondée sur la confiance et la transparence. Mais lorsqu’un climat de vigilance fondée sur la peur est instauré, le public commence à associer les drones à l’illégalité, plutôt qu’à l’innovation et à la créativité, souligne Sutton.

L’éducation, pas la peur, est la solution

Au lieu d’inciter à des signalements instinctifs, l’éducation du public est la véritable voie à suivre. Les citoyens doivent apprendre à reconnaître les activités de drones réellement risquées — comme un drone planant près d’une piste — par rapport aux vols ordinaires d’amateurs.

Des ressources comme Droneinfo et Flyk existent déjà pour guider à la fois les pilotes et le public. Elles nécessitent simplement d’être amplifiées, pas alarmées.

Comme le souligne Sutton dans son article de blog : « La plupart des accidents ou des quasi-accidents ne sont pas causés par la malveillance mais par l’ignorance — des personnes qui achètent des drones sans se rendre compte que certaines zones sont restreintes ou que voler près des aéroports comporte des risques. Au lieu d’encourager le public à signaler des observations incertaines, les autorités pourraient se concentrer sur la mise en place de campagnes de sensibilisation soulignant la différence entre des opérations sûres et dangereuses. Des directives claires sur ce qui constitue un vol « suspect » réduiraient les appels d’urgence inutiles tout en permettant aux citoyens d’agir lorsque des risques réels existent.**

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La Finlande a l’opportunité de montrer un meilleur exemple. En combinant ses réglementations robustes avec une communication calme et factuelle, elle peut démontrer au monde comment les drones et les communautés peuvent coexister en toute sécurité.

Si le principe du « signaler d’abord » devient la norme, tout le monde y perd : pilotes de drones, autorités et publics. Car lorsque la peur prend le contrôle, personne ne vole en toute sécurité.

Mon avis :

La récente recommandation de la police finlandaise de signaler toute observation de drone suscite des inquiétudes parmi les experts, soulignant le risque de stigmatisation des pilotes légitimes. Bien que cela vise à renforcer la sécurité, une éducation accrue sur la distinction entre les vols sûrs et dangereux serait plus bénéfique pour éviter la panique et les faux appels.

Les questions fréquentes

Quelles recommandations le Bureau national d’enquête de Finlande a-t-il faites concernant les drones ?

Le Bureau national d’enquête de Finlande a conseillé aux citoyens de signaler toute observation de drone au numéro d’urgence 112, en particulier si le drone est vu dans une zone où le vol est censé être interdit. Cette recommandation vise à promouvoir la sécurité.

Pourquoi certains experts sont-ils critiques à l’égard de cette initiative ?

Des experts en drones estiment que cette initiative pourrait susciter des confusions et alimenter des craintes infondées. Ils affirment que cela risque de stigmatiser les pilotes de drones légitimes et d’entraîner un sentiment de méfiance envers les drones en général.

Quelles conséquences pourraient découler de la déclaration "signalez tous les drones" ?

Encourager le public à signaler tous les drones, même sans certitude, pourrait nuire à la confiance du public envers les opérations aériennes. Cela peut également multiplier les faux rapports, surcharger les services d’urgence et créer une panique inutile.

Comment la sensibilisation pourrait-elle aider à résoudre ce problème ?

La sensibilisation permettrait aux citoyens de mieux reconnaître les activités de drone réellement risquées par rapport aux vols de loisirs ordinaires. En offrant des ressources éducatives et des campagnes de sensibilisation, on pourrait réduire les appels d’urgence superflus tout en permettant aux citoyens d’agir face aux véritables risques.

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