La possible ouverture du marché électrique en Costa Rica est un enjeu crucial, débattu depuis plus de 25 ans. Alors que le Institut Costarricien de Electricité (ICE) domine actuellement le secteur, la nécessité d’un système compétitif pour stimuler les investissements et réduire les coûts de l’énergie devient pressante.
Dans la République du Costa Rica, l’éventuelle ouverture du marché électrique est un sujet constamment présent à l’ordre du jour politique et économique. Depuis plus de vingt ans, divers secteurs de la société débattent de la nécessité de transformer le modèle actuel, essentiellement public, en un système de marché ouvert permettant une plus grande concurrence et dynamisme. Ce discours se concentre principalement sur l’impact que cela aurait sur la compétitivité du pays, les coûts de l’énergie et l’attraction d’investissements.
Actuellement, le secteur électrique costaricien repose sur l’Institut Costaricien d’Électricité (ICE), qui détient un rôle dominant dans la génération, la transmission et la distribution. Cependant, les entreprises et les associations industrielles affirment que cette configuration ne répond plus aux besoins actuels du pays et constitue une barrière à la croissance économique ainsi qu’à la diversification des sources d’énergie renouvelables.
Une dette historique : le marché électrique à ouvrir
L’idée de libéraliser le marché électrique n’est pas nouvelle. Depuis les années 90, il y a eu des propositions au sein de l’Assemblée Législative visant à permettre une plus grande participation du secteur privé dans la génération et la commercialisation de l’énergie. Cependant, ces tentatives ont souvent été contrariées par des débats politiques, des protestations sociales et la protection du modèle étatique. Un épisode particulièrement significatif a eu lieu en 2020, lorsque l’initiative connue sous le nom de « Combo du ICE » a été approuvée pour encourager la concurrence dans des secteurs stratégiques comme l’énergie et les télécommunications. Cependant, la Cour Constitutionnelle a finalement déclaré plusieurs dispositions du projet illégales, freinant ainsi les avancées dans le domaine électrique.
En attendant, le pays a effectivement connu une ouverture et une libre concurrence dans le secteur des télécommunications, permettant aux consommateurs de choisir entre plusieurs opérateurs. Cependant, la réforme électrique est toujours bloquée, accumulant plus de 25 ans de débats sans résultats concrets. Ce retard représente une occasion manquée pour progresser vers le développement des énergies renouvelables et garantir des prix plus compétitifs par rapport à d’autres marchés.
Défis immédiats face à la demande croissante
Selon des analyses de la Chambre des Industries du Costa Rica, on s’attend à ce que la demande d’électricité augmente de 47 % d’ici 2040, chiffre qui illustre la nécessité d’avancer rapidement dans des solutions pour éviter les pénuries, la hausse des tarifs et l’augmentation de l’utilisation de sources polluantes. L’impact de phénomènes climatiques tels que El Niño ou La Niña, ainsi que le changement climatique global, exerce une pression supplémentaire sur un système qui doit s’adapter rapidement.
Les partisans de l’ouverture du marché affirment que permettre l’entrée de plus d’acteurs privés faciliterait l’investissement dans des projets de génération renouvelable, la planification intégrée et une gestion plus efficace des ressources. Du point de vue du secteur privé, il est fondamental que les nouveaux projets soient attribués via des enchères compétitives, où l’accent est mis sur la capacité à fournir de l’énergie à moindre coût, au bénéfice tant des consommateurs que de l’économie nationale.
Le coût de l’électricité et son impact sur l’investissement
L’une des préoccupations majeures est le coût élevé de l’électricité dans le pays. Le prix moyen pour le secteur industriel s’élève à 12,91 cents d’euro par kWh, soit plus du double de celui des États-Unis, où il tourne autour de 7,49 cents d’euro par kWh. Cette différence a été signalée par l’Association des Zones Franches comme un obstacle important à l’attraction d’entreprises internationales, surtout dans le contexte actuel où la relocalisation industrielle est une priorité pour des pays tels que les États-Unis.
Le manque de concurrence et l’existence d’un modèle de « client unique », dans lequel seul l’ICE peut acheter l’électricité produite par des acteurs privés sous des conditions restrictives, sont des aspects critiqués par le secteur productif. Cela entraîne des surcoûts qui sont répercutés sur les consommateurs, rendant le développement industriel plus difficile.
Revendications des entreprises : efficacité, transparence et réformes
Les chefs d’entreprise expriment leur inquiétude quant à l’efficacité dans la gestion des projets énergétiques publics. Au cours des vingt dernières années, plusieurs projets pilotés par l’ICE ont connu des retards et des surcoûts significatifs, entraînant des dépenses supplémentaires de près de 1,688 milliards d’euros. Par exemple, le projet de Reventazón a vu son budget initial doublé, tandis que d’autres, comme le Diquís, ont été abandonnés après d’importants investissements. Ces problèmes nourrissent la demande d’une plus grande ouverture au capital privé et d’une commercialisation qui exploite les infrastructures publiques tout en permettant des accords libres entre entreprises.
Des représentants, comme Jorge Esteban Padilla (Matelpa), soulignent que le modèle étatique a été clé historiquement, mais que le marché et la technologie ont évolué. Ils insistent sur le fait que la génération et la vente d’électricité doivent être ouvertes aux entreprises privées sans restrictions, garantissant ainsi une plus grande efficacité et des tarifs plus compétitifs pour tous les consommateurs.
Composition actuelle du mix énergétique costaricien
Actuellement, le pays possède une matrice énergétique majoritairement renouvelable. Selon des données récentes, l’hydroélectricité contribue à plus de 57 % de l’énergie totale générée, suivie par les sources géothermiques et éoliennes qui représentent chacune plus de 11 %. L’énergie thermique continue de représenter environ 16 %, tandis que le potentiel solaire reste marginal, avec moins de 1 % de la contribution totale.
Parmi les projets les plus significatifs du réseau national, on trouve des initiatives solaires à Liberia, Nandayure, Abangares, Carrillo et Cañas, ainsi que des parcs éoliens à Tilarán et Bagaces. Ce sont des exemples d’options qui pourraient se multiplier si la participation de plus d’acteurs privés était facilitée et si le système d’enchères et d’attribution des contrats était amélioré.
Vision politique : propositions et résistance à la réforme
Sur le plan politique, le sujet de l’ouverture continue de diviser. Certaines formations avancent des initiatives pour moderniser et harmoniser le secteur électrique, tandis que d’autres ont freiné la discussion ou bloqué la procédure d’adoption de projets de loi. Les positions opposent la protection de l’emploi public et la vision publique du service à la nécessité d’améliorer la compétitivité et l’adaptabilité.
Le débat ne concerne pas seulement qui doit gérer le système électrique, mais aussi comment équilibrer l’intérêt public avec l’efficacité et l’attraction de nouveaux investissements. Pour certains leaders politiques, la réduction des coûts énergétiques et l’ouverture du marché sont essentielles pour relancer l’économie et améliorer l’emploi, tout en respectant un cadre de responsabilité fiscale et de transparence.
D’autres préoccupations, telles que l’accès à une énergie plus abordable, diversifiée et durable, se heurtent à des résistances politiques et à des incertitudes par rapport à l’impact social d’une réforme d’une telle ampleur. L’avenir du secteur dépendra de la capacité à trouver une solution qui allie efficacité, compétitivité et engagement envers la durabilité, caractéristique du Costa Rica.
Mon avis :
L’ouverture potentielle du marché électrique en Costa Rica pose des enjeux cruciaux : d’une part, elle pourrait stimuler l’attraction d’investissements et réduire les coûts d’électricité, actuellement à environ 12,8 €/kWh pour l’industrie, nettement plus élevé qu’aux États-Unis (7,53 €/kWh). Cependant, des résistances politiques, soucieux de maintenir un modèle étatique, entravent cette réforme, reflétant un débat équilibré entre compétitivité et protection des emplois.
Les questions fréquentes :
Quelle est la situation actuelle du marché électrique en Costa Rica ?
Le marché électrique au Costa Rica reste principalement dominé par l’Institut Costaricien d’Électricité (ICE), avec des discussions sur une ouverture vers un système de marché plus concurrentiel. Cela a suscité des préoccupations concernant la compétitivité et les coûts de l’énergie dans le pays, où la structure actuelle est jugée inadaptée aux besoins contemporains.
Quels sont les principaux défis liés à la demande croissante d’énergie ?
Selon la Chambre de l’Industrie, la demande en énergie électrique devrait augmenter de 47 % d’ici 2040, ce qui pose des problèmes d’approvisionnement et une pression sur l’environnement. Les partisans de l’ouverture du marché estiment qu’il est crucial d’attirer des investissements pour des projets renouvelables afin de répondre à cette demande croissante.
Quel est le coût de l’électricité pour les entreprises ?
Le coût moyen de l’électricité pour le secteur industriel est d’environ 12,90 cents d’euros par kWh, ce qui est plus du double du coût aux États-Unis où il est de 7,55 cents par kWh. Cette forte différence est perçue comme un frein à l’attraction d’entreprises internationales, surtout dans le contexte actuel de relocalisation industrielle.
Comment le marché électrique pourrait-il évoluer ?
Actuellement, il existe un débat intense concernant la libéralisation du marché électrique. Bien que certaines initiatives politiques visent à moderniser le secteur, il existe aussi une résistance due à des préoccupations sur l’emploi et sur les services publics. L’avenir du secteur électrique dépendra de la capacité à combiner efficacité, compétitivité et engagement envers la durabilité.