Les troubles DYS représentent aujourd’hui un enjeu majeur dans le domaine de l’accompagnement et de la formation professionnelle. Au-delà des difficultés d’apprentissage qu’ils engendrent, ces troubles neurodéveloppementaux peuvent avoir des répercussions importantes sur la santé mentale des personnes concernées. Pour les formateurs et professionnels de l’accompagnement en Suisse, comprendre cette dimension psychologique devient essentiel pour proposer des approches pédagogiques véritablement inclusives et bienveillantes.

Comprendre le lien entre troubles DYS et bien-être psychologique

Les troubles DYS – dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie – ne se limitent pas à des difficultés techniques dans l’apprentissage. Les personnes qui en sont atteintes font face à des défis quotidiens qui peuvent générer du stress, de l’anxiété et une fragilisation de l’estime de soi. Les échecs répétés, la comparaison avec les pairs, ou encore l’incompréhension de l’entourage créent souvent un terrain propice au développement de troubles anxieux ou dépressifs.

Cette dimension psychologique est fréquemment sous-estimée dans les formations classiques. Pourtant, un apprenant souffrant de dyslexie qui accumule les difficultés en lecture ne vit pas seulement un problème cognitif : il peut développer une véritable phobie de l’écrit, un sentiment d’incompétence généralisé, voire un évitement des situations d’apprentissage. Reconnaître ces mécanismes permet aux formateurs d’adapter non seulement leurs contenus, mais aussi leur posture relationnelle.

Vous aimerez aussi :  Quelles sont les tendances de la mode féminine pour cet été ?

Repenser la conception pédagogique pour favoriser l’inclusion

Intégrer la dimension psychologique des troubles DYS dans une formation commence par la conception même des supports et des activités pédagogiques. Les formateurs doivent adopter une approche proactive en anticipant les obstacles potentiels et en proposant des alternatives accessibles dès le départ. Cette démarche d’accessibilité universelle profite d’ailleurs à l’ensemble des apprenants, pas uniquement à ceux présentant des troubles spécifiques.

Concrètement, cela implique de diversifier les formats de transmission : privilégier les supports visuels, proposer des contenus audio, structurer clairement les documents avec des titres et des espaces aérés, ou encore limiter la quantité d’informations par page. Il s’agit également de multiplier les canaux d’expression pour permettre à chacun de démontrer ses compétences selon ses forces : présentations orales, productions visuelles, travaux de groupe ou démonstrations pratiques.

Cette flexibilité pédagogique envoie un message puissant aux apprenants : leur manière d’apprendre est légitime et la formation s’adapte à eux, et non l’inverse. Cette reconnaissance contribue directement à restaurer la confiance et à réduire l’anxiété liée aux situations d’apprentissage.

Développer une posture de formateur consciente des enjeux psychologiques

Au-delà des aspects techniques, l’attitude du formateur joue un rôle déterminant dans l’expérience vécue par les personnes présentant des troubles DYS. Une posture bienveillante, mais également informée et vigilante, permet de créer un environnement sécurisant où l’erreur devient une opportunité d’apprentissage plutôt qu’une source de honte.

Les formateurs gagneraient à développer leurs compétences en observation et en communication empathique. Savoir repérer les signes de décrochage, de découragement ou d’anxiété chez un apprenant permet d’intervenir rapidement et de manière appropriée. Parfois, un simple ajustement – accorder plus de temps, reformuler une consigne, proposer un format alternatif – suffit à débloquer une situation et à préserver la motivation.

Vous aimerez aussi :  Les meilleurs boxeurs de l'histoire

Il est également essentiel d’expliciter les attentes et les objectifs de manière transparente, tout en valorisant les progrès plutôt que la performance absolue. Cette approche centrée sur le processus d’apprentissage plutôt que sur le résultat immédiat aide les apprenants à reconstruire progressivement leur relation à la formation et à l’acquisition de nouvelles compétences.

Se former pour mieux accompagner

Face à ces défis complexes, de nombreux professionnels de l’accompagnement ressentent le besoin d’approfondir leurs connaissances sur les troubles DYS et leurs implications psychologiques. Une formation sur les troubles DYS spécifiquement conçue pour les formateurs permet d’acquérir des outils concrets et des grilles de lecture adaptées pour intégrer ces dimensions dans sa pratique quotidienne.

Ces formations offrent généralement un éclairage à la fois théorique et pratique : comprendre les mécanismes neurocognitifs à l’œuvre, identifier les répercussions émotionnelles et sociales, découvrir des stratégies d’adaptation pédagogique, et développer une posture professionnelle ajustée. En Suisse, où les compétences psychosociales des professionnels de l’accompagnement sont de plus en plus valorisées, ce type de perfectionnement répond à un besoin croissant sur le terrain.

Créer une culture de formation véritablement inclusive

L’intégration de la dimension psychologique des troubles DYS dépasse le cadre des ajustements individuels. Elle invite à repenser plus largement la culture de formation et d’accompagnement au sein des organisations. Cela nécessite une réflexion collective sur les valeurs portées, les pratiques encouragées et les représentations véhiculées autour de l’apprentissage et de la différence.

Favoriser les échanges entre pairs, mettre en place des dispositifs de soutien accessibles, sensibiliser l’ensemble des acteurs de la formation aux questions de neurodiversité, ou encore intégrer systématiquement les principes d’accessibilité dans les cahiers des charges pédagogiques sont autant de leviers pour construire un environnement réellement inclusif. Cette transformation culturelle demande du temps et de l’engagement, mais elle constitue le socle d’une formation respectueuse du développement global de chaque personne.

Vous aimerez aussi :  Comment faire du sport pour préserver sa santé ?

Vers une approche globale de l’accompagnement

Intégrer la dimension psychologique des troubles DYS dans les formations ne constitue pas une simple adaptation technique, mais bien une évolution profonde de la posture professionnelle des formateurs. Il s’agit de reconnaître que tout apprentissage mobilise simultanément des dimensions cognitives, émotionnelles et relationnelles, et que ces aspects sont particulièrement sensibles chez les personnes présentant des troubles neurodéveloppementaux.

Cette approche globale, qui considère l’apprenant dans sa singularité et sa complexité, rejoint les préoccupations actuelles autour du bien-être en formation et des compétences psychosociales. Elle témoigne d’une maturité professionnelle où l’efficacité pédagogique se conjugue avec le respect des personnes et la promotion de leur santé mentale. Pour les professionnels de l’accompagnement en Suisse comme ailleurs, c’est une opportunité de faire évoluer leurs pratiques vers plus d’humanité et d’inclusivité, tout en renforçant la qualité et l’impact de leurs interventions.

Share.
Leave A Reply