Dans un contexte de rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine, le Département du Commerce américain lance une enquête de sécurité nationale sous la section 232, ciblant les drones, notamment ceux des géants DJI et Autel Robotics. Cette initiative pourrait bouleverser l’industrie des drones en Amérique.
Enquête sur la sécurité nationale des drones : Les États-Unis ciblent DJI et Autel
Le Département du Commerce des États-Unis a officiellement ouvert une enquête de sécurité nationale sous l’article 232 concernant l’importation de drones et de leurs composants. Cette initiative risque d’avoir un impact considérable sur l’industrie américaine des drones et de restreindre l’avenir des acteurs majeurs chinois comme DJI et Autel Robotics.
L’enquête a été discrètement lancée le 1er juillet, mais elle est devenue publique le 15 juillet avec la publication d’un avis au Registre fédéral et le début d’une période de commentaires publics de 21 jours. L’investigation examinera si la dépendance à des drones fabriqués à l’étranger — en particulier en provenance de Chine — pose une menace pour la sécurité nationale des États-Unis en affaiblissant les chaînes d’approvisionnement, en freinant la production domestique et en exposant des données sensibles à des gouvernements adverses.
Sécurité nationale, tarifs et avertissements sur les chaînes d’approvisionnement
Cette enquête, menée sous l’article 232 du Trade Expansion Act de 1962, permet au Département du Commerce de recommander des tarifs, des quotas ou d’autres restrictions si les drones importés sont jugés nuisibles à la sécurité nationale. Un mécanisme similaire a déjà été utilisé par des administrations démocrates et républicaines pour cibler des importations allant de l’acier et de l’aluminium aux semi-conducteurs et aux produits pharmaceutiques. Cela marque l’une des actions les plus importantes des États-Unis à ce jour dans l’effort continu de réduire les risques liés aux infrastructures critiques des drones.
L’enquête évaluera :
- La concentration de la chaîne d’approvisionnement des drones entre les mains des adversaires étrangers.
- La capacité de production nationale.
- L’impact de tarifs agressifs et de subventions gouvernementales étrangères qui pourraient nuire à l’industrie américaine.
Les drones DJI et Autel au cœur de la controverse
Le géant chinois DJI demeure le plus grand fabricant de drones au monde, détenant plus de 70 % du marché commercial américain à un moment donné. Son concurrent plus petit mais néanmoins significatif, Autel Robotics, est également largement utilisé par les agences de sécurité publique et les opérateurs d’infrastructures.
Les deux entreprises sont depuis longtemps sous le feu des critiques de la part des législateurs et des agences américaines en raison de préoccupations liées à la confidentialité des données, aux liens avec le gouvernement chinois et à la domination du marché par le biais de prix subventionnés. Une loi signée en décembre 2024 par l’ancien président Joe Biden a ouvert la voie à d’éventuelles interdictions de nouveaux modèles de DJI et d’Autel aux États-Unis.
À présent, avec la mise en route de l’enquête sous l’article 232, DJI et Autel font face à la perspective de :
- Des tarifs plus élevés, rendant leurs produits moins compétitifs.
- L’exclusion des marchés publics fédéraux.
- Un placement potentiel sur la liste des produits interdits de la Federal Communications Commission, ce qui pourrait arrêter complètement les importations.
Réponse de DJI : « Nous sommes prêts. Allons-y. »
En attendant, DJI — souvent perçu comme l’antagoniste dans la méfiance croissante de Washington envers la technologie chinoise — reçoit positivement l’enquête. La société déclare :
DJI accueille l’opportunité de démontrer nos contrôles de confidentialité et nos fonctionnalités de sécurité, comme nous l’avons déjà indiqué dans des lettres formelles aux agences nationales de sécurité, lors de réunions privées avec des législateurs et publiquement.
Nous sommes prêts à subir un audit transparent, équitable et approfondi, tout en coopérant avec les autorités américaines concernées. Notre confiance en la capacité de nos produits à passer une révision de sécurité approfondie est soutenue par des validations répétées d’entreprises indépendantes comme Booz Allen Hamilton, FTI Consulting et Kivu Consulting, ainsi que par des agences gouvernementales américaines telles que le Department of the Interior et le Idaho National Laboratory.
Enquête sur les drones : S’aligner sur une stratégie fédérale plus large
Malgré l’insistance de DJI sur le fait qu’elle respecte toutes les lois applicables et qu’elle emploie des mesures rigoureuses pour garantir l’intégrité des données, le flot croissant d’actions fédérales montre une résolution bipartite de s’éloigner des drones fabriqués en Chine.
Ainsi, l’enquête sous l’article 232 ne constitue pas un mouvement isolé mais fait partie d’une stratégie américaine plus large pour retrouver la souveraineté dans l’espace aérien et renforcer la fabrication nationale de drones. Ce vaste effort comprend :
- La promotion de nouvelles initiatives de fabrication.
- Le soutien à l’innovation technologique locale.
- La réduction de la dépendance à l’égard des fabricants étrangers.
Ces efforts visent à construire une industrie des drones américaine résiliente, sécurisée et compétitive, qui ne serait pas vulnérable aux chocs de prix étrangers, aux ruptures de chaîne d’approvisionnement ou aux préoccupations d’espionnage.
En réponse à cette annonce, l’Association for Uncrewed Vehicle Systems International (AUVSI) a émis une forte déclaration de soutien. Son directeur général, Michael Robbins, déclare : “Trop longtemps, les agences de sécurité publique américaines, les opérateurs d’infrastructures critiques et même les agences fédérales ont dépendu de drones qui présentent des risques significatifs pour notre sécurité nationale. La dépendance à des systèmes fabriqués par des adversaires, qui sont déversés aux États-Unis à un prix inférieur à leur valeur marchande à cause de subventions gouvernementales étrangères, a également étouffé la croissance d’une base industrielle américaine de drones sécurisée, nuisant à l’innovation et obligeant les fabricants américains à concourir sur un terrain inégal.”
Impacts sur l’industrie : Nouvelles opportunités ou douleurs à court terme ?
Bien que la sécurité nationale et l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement soient les principaux moteurs de cette enquête, les conséquences pourraient être vastes pour les opérateurs de drones commerciaux, les agences publiques et les passionnés :
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Si des tarifs ou des interdictions sont imposés, les agences dépendant de DJI ou Autel pourraient être obligées de revoir complètement leurs flottes de drones ou d’attendre que des alternatives fabriquées aux États-Unis soient disponibles.
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Pour les fabricants de drones domestiques, cela représente une opportunité de croissance unique, mais cela nécessitera d’accroître rapidement la production et de naviguer dans des obstacles à la certification.
- Les opérateurs de drones internationaux pourraient également ressentir des répercussions, notamment ceux qui s’approvisionnent en drones ou en pièces via des distributeurs américains.
L’enquête sous l’article 232 sur les imports de drones représente un moment charnière dans la politique technologique et commerciale américaine. Elle met en lumière les questions de sécurité nationale, de résilience économique et d’innovation industrielle, toutes centrées sur des fabricants chinois comme DJI et Autel.
Mon avis :
La récente enquête du Département américain du Commerce sur l’importation de drones, notamment de DJI et Autel, soulève des préoccupations de sécurité nationale, tant positives que négatives. Si elle favorise la production locale, elle pourrait engendrer des hausses de tarifs et perturber le marché, affectant agences et opérateurs s’appuyant sur ces technologies.
Les questions fréquentes
Qu’est-ce que l’enquête de sécurité nationale sur les drones menée par le ministère du Commerce américain ?
Le ministère du Commerce des États-Unis a ouvert une enquête de sécurité nationale selon l’article 232 concernant l’importation de drones et de leurs composants. Cette enquête vise à évaluer si la dépendance aux drones fabriqués à l’étranger, surtout en provenance de Chine, constitue une menace pour la sécurité nationale des États-Unis.
Quel est l’impact potentiel de cette enquête sur les entreprises de drones comme DJI et Autel ?
Si l’enquête conclut que les drones importés compromettent la sécurité nationale, le ministère du Commerce pourrait recommander des tarifs ou des restrictions sur les importations. Cela pourrait rendre les produits de DJI et Autel moins compétitifs et même entraîner l’exclusion de ces entreprises des marchés gouvernementaux.
Comment DJI a-t-il répondu à l’enquête en cours ?
DJI a exprimé son ouverture à participer à l’enquête, affirmant qu’il est prêt à démontrer ses mesures de sécurité et de protection des données. La société a également affirmé avoir reçu plusieurs validations indépendantes concernant la sécurité de ses produits.
Quelles sont les implications de l’enquête pour le secteur des drones aux États-Unis ?
L’enquête pourrait avoir des conséquences significatives pour les opérateurs commerciaux de drones, les agences publiques et les amateurs. Si des tarifs ou des interdictions sont imposés, cela pourrait obliger certaines agences à renouveler leurs flottes de drones ou à attendre l’émergence d’alternatives produites aux États-Unis.