Une décision judiciaire majeure dans le droit de la concurrence européen
Le tribunal des activités économiques de Paris a rendu un jugement historique le 25 novembre 2025, condamnant Google à verser 51,5 millions d’euros de dommages et intérêts au comparateur de prix français Twenga. Cette décision marque un tournant dans la bataille juridique opposant les comparateurs de prix européens au géant américain depuis plus d’une décennie. Le tribunal a reconnu l’existence d’un abus de position dominante ayant causé un préjudice considérable à Twenga entre 2008 et 2017 sur six marchés européens stratégiques.
Twenga avait initialement réclamé 936 millions d’euros de réparation à titre principal, ce qui représente une différence substantielle avec le montant finalement accordé. Toutefois, cette condamnation constitue une victoire symbolique importante pour les entreprises européennes confrontées aux pratiques anticoncurrentielles des géants technologiques. Le jugement s’appuie notamment sur l’amende de 2,42 milliards d’euros infligée à Google en 2017 par la Commission européenne, confirmée définitivement fin 2024 par la Cour de justice de l’Union européenne.
La société Twenga, créée en 2006, avait assigné Google pour obtenir réparation concernant un préjudice subi dans six pays européens : France, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne et Pays-Bas, représentant 92% de son chiffre d’affaires. Ces marchés constituent le cœur de l’activité des comparateurs de prix en Europe, où la concurrence était particulièrement féroce au début des années 2010. Le tribunal a observé que Twenga, l’un des premiers acteurs sur ce marché, avait atteint des parts de marché élevées entre 2008 et 2010 dans l’ensemble de ces pays.

L’abus de position dominante constaté par le tribunal a perduré pendant près d’une décennie, de 2008 à 2017. Les juges ont même considéré comme vraisemblable la rémanence des effets négatifs jusqu’en 2022, malgré les mesures correctrices apportées par Google suite aux injonctions européennes. Cette reconnaissance d’un impact durable des pratiques anticoncurrentielles témoigne de la gravité des comportements du géant californien et des difficultés rencontrées par les acteurs européens pour retrouver leur position initiale sur le marché.
| Élément | Montant/Période | Détail |
|---|---|---|
| Dommages accordés | 51,5 millions € | Montant final de la condamnation |
| Dommages réclamés | 936 millions € | Demande initiale de Twenga |
| Période d’abus | 2008-2017 | Durée des pratiques anticoncurrentielles |
| Effets rémanents | Jusqu’en 2022 | Impact persistant après les mesures correctrices |
| Marchés concernés | 6 pays | 92% du chiffre d’affaires de Twenga |
- Reconnaissance juridique de l’abus de position dominante de Google sur le marché des comparateurs
- Validation du préjudice subi par Twenga sur six marchés européens majeurs
- Confirmation de l’impact durable des pratiques anticoncurrentielles jusqu’en 2022
- Établissement d’un précédent pour d’autres comparateurs européens lésés
- Rejet partiel de la méthodologie de calcul du préjudice post-2017
Le tribunal a toutefois rejeté la méthode de calcul du préjudice de Twenga pour la période post-2017, qui se basait sur l’excédent brut d’exploitation (Ebitda). Les juges ont estimé que cet indicateur de rentabilité n’était pas adapté pour quantifier le préjudice dans ce contexte spécifique. Cette décision technique explique en grande partie l’écart entre le montant réclamé et celui finalement accordé, illustrant la complexité de l’évaluation des dommages dans les affaires de droit de la concurrence.
Un porte-parole de Google a réagi en qualifiant la plainte d’excessive, soulignant qu’il s’agit de la deuxième décision du tribunal à rejeter la majorité des dommages-intérêts réclamés. Le géant américain a également affirmé que les changements apportés en 2017 ont mis fin aux pratiques et fonctionnent comme prévu. Cette position défensive témoigne de la stratégie de Google face à la multiplication des condamnations pour abus de position dominante en Europe.
Les pratiques anticoncurrentielles de Google décryptées par le marché français
Les méthodes déployées par Google pour asseoir sa domination sur le marché des comparateurs de prix ont été minutieusement analysées par les autorités de la concurrence européennes. Le géant américain a notamment favorisé son propre service de comparaison de prix, Google Shopping, au détriment des comparateurs indépendants comme Twenga. Cette pratique, qualifiée de favoritisme algorithmique, consistait à positionner systématiquement les résultats de Google Shopping en tête des pages de recherche, reléguant les concurrents dans les profondeurs des résultats.
Sur le marché français, Twenga avait réussi à s’imposer comme l’un des leaders avant que Google ne modifie progressivement son algorithme de recherche. Entre 2008 et 2010, le comparateur français bénéficiait d’une visibilité importante et générait un trafic conséquent grâce à son référencement naturel sur le moteur de recherche. L’arrivée de Google Shopping et les modifications algorithmiques successives ont radicalement transformé le paysage concurrentiel, privant Twenga et ses homologues de leur principale source de visiteurs.
Les conséquences de ces pratiques se sont rapidement fait sentir dans les finances de Twenga. Le comparateur a vu son audience chuter drastiquement, entraînant une baisse significative de ses revenus publicitaires et de ses commissions sur les ventes générées. Cette situation a contraint l’entreprise à revoir sa stratégie commerciale et à diversifier ses sources de revenus, tout en engageant une bataille juridique coûteuse contre Google. La multiplication des poursuites judiciaires contre le géant technologique témoigne d’un mouvement de fond en Europe.
Le tribunal a particulièrement scruté la période 2008-2017, durant laquelle Google a progressivement renforcé sa position dominante en modifiant ses algorithmes de manière stratégique. Les analyses techniques présentées lors du procès ont démontré une corrélation directe entre les changements algorithmiques et la chute de visibilité des comparateurs indépendants. Cette démonstration a été cruciale pour établir le lien de causalité entre les pratiques de Google et le préjudice subi par Twenga.
| Pratique | Impact sur Twenga | Période |
|---|---|---|
| Favoritisme Google Shopping | Baisse de visibilité de 85% | 2011-2014 |
| Modifications algorithmiques | Chute du trafic organique | 2008-2017 |
| Positionnement préférentiel | Perte de parts de marché | 2010-2015 |
| Encarts publicitaires prioritaires | Diminution des conversions | 2012-2017 |
- Affichage systématique de Google Shopping en première position des résultats de recherche
- Dégradation algorithmique du référencement naturel des comparateurs concurrents
- Création d’encarts visuels privilégiant uniquement Google Shopping
- Modification des critères de pertinence défavorisant les sites tiers
- Utilisation de données concurrentielles pour optimiser son propre service
La justice française a également reconnu que Google disposait d’informations privilégiées sur le comportement des utilisateurs et les performances des comparateurs concurrents. Cette asymétrie informationnelle conférait au géant américain un avantage considérable pour ajuster sa stratégie et anticiper les évolutions du marché. Les comparateurs indépendants se trouvaient ainsi dans une position de dépendance totale vis-à-vis d’un acteur devenu simultanément partenaire et concurrent direct.
Les mesures correctrices imposées par la Commission européenne en 2017 ont contraint Google à modifier l’affichage de Google Shopping et à traiter les comparateurs tiers de manière plus équitable. Toutefois, le tribunal a constaté que ces ajustements n’ont pas permis à Twenga de retrouver sa position initiale, d’où la reconnaissance d’effets rémanents jusqu’en 2022. Cette situation illustre la difficulté pour les entreprises européennes de se remettre d’années de pratiques déloyales, même après l’intervention des autorités de régulation. La puissance de Google dans le domaine de l’intelligence artificielle ne fait qu’amplifier ces déséquilibres concurrentiels.
Un paiement qui s’inscrit dans une série de sanctions contre Google

La condamnation de Google à payer 51,5 millions d’euros à Twenga s’inscrit dans un contexte plus large de sanctions répétées contre le géant technologique. En juin 2025, le même tribunal parisien avait déjà condamné Google à verser 2,2 millions d’euros à la société française Acheter Moins Cher, un autre comparateur de prix ayant subi les mêmes pratiques anticoncurrentielles. Bien que ce montant soit nettement inférieur aux 266 millions d’euros réclamés, il témoigne d’une tendance jurisprudentielle favorable aux plaignants.
La Commission européenne a elle-même multiplié les amendes contre Google ces dernières années. En septembre dernier, elle a infligé une sanction record de 2,95 milliards d’euros pour abus de position dominante dans le secteur de la publicité en ligne. Cette amende s’ajoute à celle de 4,1 milliards d’euros prononcée en 2018 pour des pratiques similaires concernant le système d’exploitation Android. Ces sanctions cumulées dépassent désormais les 10 milliards d’euros, faisant de Google l’entreprise la plus sanctionnée de l’histoire européenne en matière de droit de la concurrence.
La stratégie de la Commission européenne vise clairement à modifier durablement le comportement de Google sur le marché européen. Les montants considérables de ces amendes sont calculés pour avoir un effet dissuasif réel, proportionnel au chiffre d’affaires colossal du géant californien. Toutefois, certains observateurs estiment que même ces sanctions records ne représentent qu’une fraction des profits générés par les pratiques anticoncurrentielles, questionnant leur efficacité réelle pour rétablir une concurrence équitable.
| Année | Motif | Montant de l’amende | Autorité |
|---|---|---|---|
| 2017 | Comparateurs de prix | 2,42 milliards € | Commission européenne |
| 2018 | Android | 4,1 milliards € | Commission européenne |
| 2019 | Publicité AdSense | 1,49 milliard € | Commission européenne |
| Juin 2025 | Acheter Moins Cher | 2,2 millions € | Tribunal Paris |
| Sept. 2025 | Publicité en ligne | 2,95 milliards € | Commission européenne |
| Nov. 2025 | Twenga | 51,5 millions € | Tribunal Paris |
- Multiplication des condamnations pour pratiques anticoncurrentielles en Europe
- Montants croissants des amendes infligées par les autorités de régulation
- Diversification des secteurs concernés : recherche, publicité, systèmes d’exploitation
- Accumulation des procédures judiciaires engagées par des entreprises lésées
- Renforcement de la jurisprudence européenne en matière de concurrence numérique
Au-delà des sanctions financières, Google fait également face à des injonctions structurelles visant à modifier en profondeur son modèle économique. L’Union européenne a notamment exigé la séparation de certaines activités et l’ouverture de ses plateformes aux concurrents. Ces mesures, potentiellement plus contraignantes que les amendes elles-mêmes, pourraient redéfinir le paysage concurrentiel du numérique européen dans les années à venir. La course aux innovations technologiques ne doit pas se faire au détriment de la concurrence loyale.
Les États-Unis observent avec attention l’approche européenne, certains régulateurs américains s’inspirant désormais des méthodes de Bruxelles pour encadrer les géants technologiques. Cette convergence transatlantique pourrait marquer un tournant dans la régulation mondiale du numérique, même si les approches restent culturellement différentes. L’Europe privilégie une régulation ex-ante préventive, tandis que les États-Unis maintiennent traditionnellement une approche plus réactive basée sur les contentieux individuels.
Pour Twenga, cette condamnation représente une bouffée d’oxygène financière mais ne compense pas entièrement les années de développement perdues. L’entreprise a dû restructurer ses équipes, abandonner certains marchés et réorienter sa stratégie pour survivre. Le paiement de 51,5 millions d’euros permettra néanmoins d’investir dans de nouveaux outils technologiques et peut-être de reconquérir des parts de marché, notamment en exploitant les avancées de l’intelligence artificielle pour améliorer ses services.
Les implications pour le droit de la concurrence dans le secteur technologique
Cette décision judiciaire établit un précédent important pour le droit de la concurrence appliqué au secteur technologique. Le tribunal parisien a reconnu la spécificité des marchés numériques où la position dominante peut être rapidement acquise et maintenue par des effets de réseau et des barrières à l’entrée algorithmiques. Cette reconnaissance juridique marque une évolution significative par rapport aux approches traditionnelles du droit de la concurrence, initialement conçues pour les secteurs industriels classiques.
La notion d’abus de position dominante se complexifie dans l’univers numérique où les frontières entre services complémentaires et marchés distincts deviennent floues. Google soutient que son moteur de recherche et ses services annexes forment un écosystème intégré offrant une meilleure expérience utilisateur. Les autorités de régulation considèrent au contraire que cette intégration verticale constitue un levier anticoncurrentiel permettant d’évincer les acteurs indépendants sans justification économique légitime.
Le jugement concernant Twenga clarifie également la question cruciale de la durée des effets anticoncurrentiels. En reconnaissant une rémanence jusqu’en 2022, soit cinq ans après les mesures correctrices de 2017, le tribunal admet qu’il est extrêmement difficile pour une entreprise lésée de retrouver sa position initiale. Cette temporalité longue justifie des indemnisations substantielles et pourrait encourager d’autres victimes à engager des procédures similaires, même plusieurs années après les faits. Les problématiques de régulation de Google s’étendent à de nombreux domaines.
| Principe juridique | Application traditionnelle | Application numérique |
|---|---|---|
| Position dominante | Parts de marché physiques | Effets de réseau algorithmiques |
| Barrières à l’entrée | Investissements matériels | Données et algorithmes propriétaires |
| Préjudice concurrentiel | Pertes de ventes directes | Perte de visibilité et de trafic |
| Mesures correctrices | Cessions d’actifs | Modifications algorithmiques |
| Durée des effets | Immédiate à court terme | Rémanence prolongée (5+ ans) |
- Adaptation du droit de la concurrence aux spécificités des marchés numériques biface
- Reconnaissance des barrières algorithmiques comme obstacles anticoncurrentiels
- Prise en compte des effets de réseau dans l’analyse de la position dominante
- Évaluation des préjudices indirects liés à la perte de visibilité en ligne
- Validation juridique de la rémanence prolongée des pratiques anticoncurrentielles
L’affaire Twenga met également en lumière les défis méthodologiques pour quantifier le préjudice dans les contentieux concurrentiels numériques. Le tribunal a rejeté l’utilisation de l’Ebitda post-2017, considérant que cet indicateur ne reflétait pas adéquatement le préjudice spécifique subi. Cette décision technique soulève des questions sur les outils économétriques appropriés pour mesurer l’impact des pratiques anticoncurrentielles dans un environnement numérique en constante évolution.
Les économistes spécialisés en droit de la concurrence développent désormais des modèles sophistiqués intégrant les particularités des plateformes numériques. Ces approches tentent de capturer les effets indirects des pratiques anticoncurrentielles, comme la perte d’innovation ou la diminution de la qualité des services proposés aux consommateurs. La jurisprudence européenne encourage progressivement l’adoption de ces méthodes d’évaluation plus complexes mais potentiellement plus justes.
Pour les autres comparateurs de prix européens, cette décision constitue un encouragement à poursuivre leurs propres actions en justice. Des entreprises comme Idealo en Allemagne, Kelkoo en France ou PriceRunner en Suède ont également été affectées par les pratiques de Google et observent attentivement l’issue des procédures engagées. Une vague de contentieux similaires pourrait voir le jour dans les prochains mois, multipliant les coûts judiciaires et les risques réputationnels pour le géant californien. Les questions de réputation deviennent cruciales pour les grandes entreprises technologiques.
La dimension internationale de ces affaires complexifie encore l’application du droit de la concurrence. Twenga a subi un préjudice sur six marchés européens différents, chacun avec ses particularités réglementaires et concurrentielles. Le tribunal parisien a dû analyser l’impact des pratiques de Google dans chacun de ces pays, une tâche juridiquement et économiquement délicate. Cette approche multinationale préfigure peut-être l’émergence d’un droit de la concurrence numérique réellement européen, au-delà des spécificités nationales.
Perspectives d’évolution et enjeux futurs pour les comparateurs en ligne
La condamnation de Google marque potentiellement un nouveau départ pour les comparateurs de prix européens, mais les défis restent considérables. Le paysage concurrentiel s’est profondément transformé depuis 2008, avec l’émergence de nouveaux acteurs comme Amazon qui opère désormais son propre moteur de recherche produits, et l’explosion du commerce social sur des plateformes comme Instagram et TikTok. Les comparateurs traditionnels doivent repenser entièrement leur proposition de valeur pour rester pertinents.
Twenga et ses concurrents investissent massivement dans l’intelligence artificielle pour améliorer leurs algorithmes de recommandation et personnaliser l’expérience utilisateur. L’objectif est de proposer une valeur ajoutée supérieure à celle de Google Shopping en exploitant des données comportementales plus fines et en offrant des fonctionnalités avancées comme la prédiction des baisses de prix ou l’analyse comparative approfondie des caractéristiques techniques. Cette course à l’innovation technologique nécessite des investissements substantiels que les indemnisations judiciaires contribuent partiellement à financer.

La diversification des sources de trafic constitue également une priorité stratégique pour les comparateurs européens. Après avoir longtemps dépendu du référencement naturel sur Google, ces entreprises développent désormais des applications mobiles, des partenariats avec des sites de médias et des stratégies de contenu pour générer un trafic direct. Cette indépendance vis-à-vis de Google représente un défi considérable mais indispensable pour garantir leur pérennité économique. Les nouvelles fonctionnalités de Google Maps montrent comment l’écosystème continue d’évoluer.
- Investissement dans l’IA pour améliorer la pertinence des recommandations produits
- Développement d’applications mobiles pour réduire la dépendance au référencement web
- Partenariats stratégiques avec des retailers et des marques pour accéder à des données exclusives
- Création de contenu éditorial pour générer du trafic organique diversifié
- Extension vers de nouveaux services comme le cashback ou les alertes prix personnalisées
Le modèle économique des comparateurs évolue également. Au-delà de la rémunération au clic traditionnel (CPC), ces entreprises explorent des modèles hybrides intégrant des abonnements premium, des services B2B pour les retailers, et des revenus publicitaires diversifiés. Cette transformation économique vise à réduire la volatilité des revenus et à créer des relations plus durables avec les utilisateurs finaux. L’indemnisation de 51,5 millions d’euros offre à Twenga une marge de manœuvre financière pour expérimenter ces nouveaux modèles.
Les régulateurs européens ne comptent pas s’arrêter à ces premières décisions. Le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA), entrés progressivement en application, établissent un cadre préventif pour éviter l’émergence de nouvelles positions dominantes abusives. Ces textes imposent des obligations spécifiques aux « gatekeepers » comme Google, notamment en matière d’interopérabilité et de transparence algorithmique. Leur application concrète sera déterminante pour rééquilibrer durablement le marché des comparateurs de prix.
| Innovation | Objectif | Impact attendu |
|---|---|---|
| IA générative | Recommandations ultra-personnalisées | Augmentation du taux de conversion de 30% |
| Applications mobiles | Trafic direct indépendant | Réduction dépendance Google de 40% |
| Alertes prix intelligentes | Fidélisation utilisateurs | Augmentation utilisateurs récurrents |
| Services B2B | Diversification revenus | Stabilisation modèle économique |
| Contenu éditorial | SEO et autorité | Trafic organique qualifié +25% |
L’avenir des comparateurs dépendra également de leur capacité à maintenir la confiance des consommateurs dans un environnement où les faux avis et les manipulations de prix se multiplient. La transparence des algorithmes de classement et l’exhaustivité des catalogues constituent des avantages concurrentiels décisifs face aux solutions intégrées proposées par les géants technologiques. Les utilisateurs recherchent de plus en plus une information fiable et indépendante, créant une opportunité pour les acteurs spécialisés qui sauront capitaliser sur cette attente. Les problématiques liées aux arnaques en ligne renforcent ce besoin de confiance.
La consolidation du secteur pourrait s’accélérer suite à ces décisions judiciaires. Les comparateurs ayant obtenu des indemnisations substantielles disposent désormais des moyens financiers pour acquérir des concurrents plus petits ou pour investir dans des technologies différenciantes. Cette concentration pourrait paradoxalement conduire à l’émergence de quelques acteurs européens de taille significative, capables de rivaliser plus efficacement avec les solutions propriétaires des géants américains et asiatiques.
Les marchés émergents représentent également des opportunités de croissance pour les comparateurs européens ayant survécu à la décennie de domination de Google. L’Asie du Sud-Est, l’Afrique et l’Amérique latine voient l’explosion du e-commerce sans que des acteurs dominants ne se soient encore imposés. Twenga et ses homologues pourraient exporter leur expertise et leurs technologies vers ces régions à fort potentiel, diversifiant ainsi géographiquement leurs activités et réduisant leur exposition aux aléas réglementaires européens. La dimension internationale des tensions entre Google et les régulateurs se manifeste dans de nombreux pays.
Pourquoi Google a-t-il été condamné à payer 51,5 millions d’euros à Twenga ?
Google a été condamné pour abus de position dominante sur le marché des comparateurs de prix entre 2008 et 2017. Le tribunal a reconnu que Google avait favorisé son propre service Google Shopping au détriment des comparateurs indépendants comme Twenga, causant un préjudice économique important sur six marchés européens représentant 92% du chiffre d’affaires de l’entreprise française.
Pourquoi Twenga n’a obtenu que 51,5 millions sur les 936 millions réclamés ?
Le tribunal a rejeté la méthodologie de calcul du préjudice utilisée par Twenga pour la période post-2017, basée sur l’excédent brut d’exploitation (Ebitda). Les juges ont estimé que cet indicateur de rentabilité n’était pas adapté pour quantifier le préjudice dans ce contexte spécifique de pratiques anticoncurrentielles, expliquant l’écart important entre le montant réclamé et celui accordé.
Quelles ont été les pratiques anticoncurrentielles de Google ?
Google a systématiquement favorisé son service Google Shopping en le positionnant en tête des résultats de recherche avec des encarts visuels attractifs. Parallèlement, le géant américain a modifié ses algorithmes pour dégrader le référencement naturel des comparateurs concurrents, les privant de leur principale source de trafic et causant une chute drastique de leur visibilité en ligne.
Cette condamnation est-elle unique ou fait-elle partie d’une série ?
Cette condamnation s’inscrit dans une longue série de sanctions contre Google. La Commission européenne a déjà infligé plus de 10 milliards d’euros d’amendes au géant américain pour diverses pratiques anticoncurrentielles. En juin 2025, le même tribunal parisien avait condamné Google à verser 2,2 millions d’euros à un autre comparateur français, Acheter Moins Cher.
Quelles sont les conséquences pour l’avenir des comparateurs de prix ?
Cette décision crée un précédent encourageant d’autres comparateurs lésés à engager des actions en justice. Elle offre également des moyens financiers aux entreprises indemnisées pour investir dans l’intelligence artificielle, développer des applications mobiles et diversifier leurs sources de revenus afin de réduire leur dépendance vis-à-vis de Google et reconquérir des parts de marché.
