Avec moins de trois semaines avant une interdiction de vente de nouveaux équipements DJI aux États-Unis, le leader mondial des drones lance un appel urgent aux agences de sécurité nationale. Celui-ci pourrait déterminer l’avenir de ses drones sur le marché américain d’ici le 23 décembre 2025, selon la NDAA.

Dernière Appel de DJI aux Responsables de la Sécurité des États-Unis

Avec moins de trois semaines avant l’interdiction de vente aux États-Unis de nouveaux équipements de DJI, le plus grand fabricant de drones au monde lance son appel le plus pressant. DJI a envoyé des lettres à cinq grandes agences de sécurité nationale des États-Unis, demandant ce qu’elle sollicite depuis des mois : une évaluation de sécurité mandatée par le gouvernement.

Un Délai Crucial

La situation est critique pour DJI, car son aptitude à introduire de nouveaux drones ou autres équipements d’imagerie sur le marché américain à partir du 23 décembre est en jeu. Ce délai a été fixé par le Congrès dans le cadre de la Loi sur l’autorisation de défense nationale de 2025 (NDAA).

Si l’évaluation n’est pas réalisée ou si DJI échoue à passer cette évaluation, l’entreprise sera ajoutée à la « Liste Couvert » de la Federal Communications Commission (FCC), la même liste noire utilisée pour restreindre la vente d’équipements télécoms fabriqués en Chine par des entreprises comme Huawei et ZTE. En pratique, cela signifierait que les nouveaux drones de DJI ne pourraient pas obtenir l’autorisation d’équipement de la FCC, bloquant ainsi leur vente aux États-Unis. Les drones commerciaux et de consommation existants, qui détiennent déjà les approbations de la FCC, resteraient légaux pour le vol. Cependant, de nouveaux produits seraient exclus du marché.

Pourquoi le Silence des Agences ?

DJI affirme qu’elle essaie depuis mars d’obtenir la programmation d’un audit. Selon les lettres envoyées le 1er décembre aux départements de la Sécurité intérieure (DHS), de la Défense (DoD), au FBI, à l’Agence de sécurité nationale (NSA) et au Bureau du Directeur du renseignement national (ODNI), ces tentatives sont restées sans réponse.

« Ce faisant, cela engendrerait une confusion généralisée chez les consommateurs et priverait les utilisateurs de drones américains d’un processus équitable — et de réponses sur la sécurité et la sûreté des produits DJI qu’ils utilisent chaque jour, » écrit l’entreprise dans sa lettre aux responsables de la sécurité nationale. DJI ajoute que « ne pas entreprendre l’évaluation » irait à l’encontre de l’intention du Congrès derrière la loi.

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Un Compte à Rebours Imminent

L’article 1709 de la NDAA exige que le gouvernement fédéral effectue une évaluation de sécurité des technologies de communication et de vidéosurveillance fabriquées par DJI et Autel Robotics. Si aucune agence américaine ne se manifeste pour réaliser l’audit d’ici le 23 décembre, les deux entreprises seront automatiquement placées sur la Liste Couvert de la FCC. Ce langage « automatique » fait angoisser DJI.

Dans la lettre adressée à la secrétaire de la DHS, Kristi Noem, DJI rappelle que le département avait « indiqué par écrit » en septembre qu’il était prêt à entreprendre l’évaluation. Cependant, aucune avancée n’a été faite depuis, et le temps presse. « Avec moins d’un mois restant… nous exhortons le Département de la Sécurité intérieure à prendre immédiatement en charge cet audit », lit-on dans la lettre.

Les enjeux sont majeurs. Plus de 80 % des agences de sécurité publique des États-Unis, y compris les services d’incendie, les bureaux des shérifs, les équipes de recherche et de sauvetage, et la police locale, dépendent des drones DJI pour répondre aux incendies de forêt, réaliser des cartographies d’accidents, ou rechercher des personnes disparues. Leurs programmes seraient en danger immédiat s’ils ne pouvaient plus acheter les drones dont ils dépendent.

Une récente analyse de l’impact économique a également révélé que DJI permet plus de 116 milliards d’euros d’activité économique aux États-Unis et soutient plus de 450 000 emplois américains.

DJI Affirme Avoir Déjà Subi de Nombreux Audits

Les lettres font un cas clair et cohérent : DJI pense avoir déjà subi plus de contrôles de sécurité que presque tout autre fabricant de drones au monde et demande aux agences américaines d’examiner ce dossier avant tout décision de liste noire.

À l’intention de la DHS et des autres agences, DJI cite au moins six audits indépendants ou dirigés par le gouvernement :

  • Booz Allen Hamilton (2020)
  • Deux évaluations de cybersécurité distinctes par FTI Consulting (2022 et 2024)
  • Validation de sécurité des données par Kivu Consulting
  • Évaluation technique de sécurité par TÜV SÜD
  • Examen de sécurité des données par le Département de l’Intérieur des États-Unis (2019)
  • Évaluation par le Laboratoire national de l’Idaho sous la direction de la DHS (2019)

L’entreprise affirme que chaque revue a acquis des drones DJI « en vente libre », puis a procédé à des analyses techniques approfondies. Dans la lettre axée sur la DHS, DJI indique avoir « coordonné avec ces agences au besoin » et avoir « répondu à toute vulnérabilité identifiée », arguant que sa volonté de coopération devrait dissiper tout doute sur sa conformité à un audit du Congrès.

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DJI a également mis en avant un ensemble complet de certifications de cybersécurité et de critères de conformité, incluant ISO 27001, ISO 27701, NIST FIPS 140-2 CMVP Niveau 1, SOC 2, conformité à NIST IR 8259 et ETSI EN 303645, conformité au RGPD et cryptage de niveau entreprise AES-256-XTS.

Dans les deux lettres, DJI insiste sur le fait que les utilisateurs ont un contrôle complet sur leurs données, une préoccupation clé soulevée par les législateurs américains qui soutiennent que les produits DJI pourraient exposer des risques pour la sécurité nationale. DJI souligne que :

  • Les utilisateurs américains ne peuvent pas synchroniser les journaux de vol avec les serveurs DJI.
  • Les photos et vidéos ne sont jamais téléchargées automatiquement.
  • Les pilotes peuvent voler totalement hors ligne grâce au Mode Données Locales, qui « coupe la connexion entre l’application de vol et Internet ».
  • Les utilisateurs peuvent désactiver entièrement l’application de vol DJI et utiliser des logiciels tiers américains.

L’entreprise résume sa position ainsi : « Nous avons confiance dans la sécurité de notre technologie… et sommes prêts à répondre et à atténuer toute vulnérabilité spécifique qui pourrait être identifiée, si nous avons droit à une réponse équitable. »

Le Silences de Washington

Jusqu’à présent, aucune des agences n’a répondu publiquement. DJI écrit que « jusqu’à présent, ces offres sont restées sans réponse », même si l’entreprise a pris contact de manière répétée depuis début mars.

La réponse la plus notable est venue de la DHS en septembre, lorsque DJI déclare que le département a exprimé une « volonté » de s’assurer que l’audit soit achevé « en conformité avec l’intention du Congrès ». Mais aucun mouvement n’a eu lieu depuis.

Il reste incertain quelle agence — DHS, DoD, FBI, NSA, ou ODNI — procéderait réellement (ou pas) à l’évaluation. La loi stipule simplement qu’« une agence de sécurité nationale désignée » doit effectuer l’évaluation ; elle ne précise pas laquelle. Cette ambiguïté ajoute un twist intéressant : chacune des cinq agences pourrait théoriquement se manifester, mais aucune ne l’a fait, même si DJI continue de demander des réunions et de réaffirmer sa disponibilité.

Il est également crucial de noter que la controverse autour de l’évaluation de sécurité ne se déroule pas dans un vide. DJI est déjà en train de mener une autre bataille judiciaire avec le Pentagone sur sa désignation en tant que « société militaire chinoise ». Un juge fédéral a statué précédemment que DJI « n’a pas réussi à réfuter » les preuves du Département de la Défense suggérant que des agences chinoises alignées sur le militaire pourraient utiliser ses produits. DJI a fait appel de cette décision.

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Parallèlement, le gouvernement américain a ouvert une enquête de sécurité nationale de Section 232 sur les importations de drones, une action qui pourrait préparer le terrain pour des droits de douane sur des drones fabriqués à l’étranger, y compris les modèles DJI.

Il ne fait aucun doute que cette situation est marquée par une pression politique bipartisane visant à réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de technologie chinois. À Washington, les drones sont de plus en plus intégrés dans une discussion plus large sur la sécurité nationale, considérés aux côtés des équipements télécoms, des semi-conducteurs et des logiciels d’infrastructure critiques.

Le délai de la FCC du 23 décembre est simplement le prochain domino dans un paysage politique qui évolue depuis des années. Pour l’instant, le plus grand fabricant de drones au monde peut seulement attendre le prochain mouvement de Washington et continuer à expédier des lettres.

Mon avis :

La situation de DJI face à un possible ban de vente aux États-Unis pose des enjeux significatifs. D’un côté, sa demande de révision de sécurité, soutenue par des audits antérieurs, soulève des préoccupations économiques, notamment la dépendance des agences locales aux drones pour des missions essentielles. Toutefois, l’absence de réponse gouvernementale souligne un climat de défiance envers la technologie chinoise, alimenté par des questions de sécurité nationale.

Les questions fréquentes

Qu’est-ce qui est en jeu avec l’interdiction de vente des drones DJI aux États-Unis ?

L’interdiction de vente des nouveaux drones DJI pourrait entrer en vigueur le 23 décembre, ce qui empêcherait la société d’introduire de nouveaux appareils sur le marché américain. Si la révision de sécurité demandée n’est pas complétée, DJI pourrait être inscrite sur la liste des équipements couverts de la FCC, bloquant ainsi la vente de nouveaux produits.

Pourquoi DJI demande-t-elle une révision de sécurité ?

DJI a adressé des lettres à plusieurs agences de sécurité nationale des États-Unis, demandant une révision de sécurité qu’elle sollicite depuis des mois. La société affirme que cela est crucial pour éviter la confusion chez les consommateurs et pour garantir la sécurité de ses produits.

Quel est l’impact économique de DJI aux États-Unis ?

Selon une analyse d’impact économique, DJI génère plus de 116 milliards d’euros d’activité économique aux États-Unis et soutient plus de 450,000 emplois américains. Les agences de sécurité publique locales, qui dépendent des drones DJI pour des missions variées, seraient également touchées si elles ne peuvent plus acquérir de nouveaux drones.

Quelles mesures de sécurité a déjà mises en place DJI ?

DJI a été soumise à plusieurs audits de sécurité, y compris des évaluations de la cybersécurité. L’entreprise souligne qu’elle a collaboré avec des agences gouvernementales pour répondre à toute vulnérabilité identifiée et qu’elle possède des certifications de cybersécurité reconnues au niveau international.

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