À Móstoles, le Conseil Supérieur de Investigations Scientifiques (CSIC) a inauguré une plante pilote innovante, transformant la biomasse en matériaux industriels. Ce projet ambitieux vise à valider des technologies de bioraffinerie, s’inscrivant dans la démarche de transition énergétique et d’économie circulaire européenne.

Planta piloto biomasa CSIC

La commune de Móstoles a récemment inauguré une nouvelle plante pilote du Conseil Supérieur de Recherche Scientifique (CSIC) dédiée à la démonstration, dans des conditions réelles, de la transformation de la biomasse et des déchets issus de l’industrie agroalimentaire en matières premières d’un grand intérêt pour l’industrie. Cette installation est conçue comme un banc d’essai pour des technologies de bioraffinage qui visent à réduire les déchets.

Gérée par l’Institut de Catalyse et de Pétrochimie (ICP-CSIC), cette infrastructure a été conçue pour valider à petite échelle un processus innovant qui transforme des sous-produits agricoles et alimentaires en cellulose, lignine et furfural de haute pureté. Cette initiative s’intègre parfaitement dans la stratégie européenne d’économie circulaire et de transition énergétique, en visant à utiliser des ressources qui, autrement, seraient sous-utilisées.

Une plante pilote à Móstoles pour valoriser les déchets agroalimentaires

La nouvelle installation est située dans les bureaux d’EDIBON International, S.A., à Móstoles, et occupe une superficie d’environ 110 mètres carrés. Bien que sa taille soit relativement modeste, son rôle est crucial : elle sert de plateforme intermédiaire entre le laboratoire et l’industrie pour tester la viabilité technique des processus avancés de bioraffinage.

Le principal objectif est de valoriser intégralement les déchets agroalimentaires et la biomasse qui posent actuellement des problèmes de gestion pour de nombreuses entreprises. Plutôt que de les éliminer ou de les utiliser pour des fins de faible valeur, ces matériaux subissent un traitement chimique permettant d’obtenir des produits aux applications diverses dans de nombreux secteurs industriels, allant de l’énergie aux matériaux avancés.

Grâce à cette technologie, les déchets sont transformés en cellulose de haute pureté, un composant présent naturellement dans les plantes et les arbres, fortement en demande dans l’industrie papetière, textile et la production de biocarburants et de sucres. Cette fraction peut servir de base à des bioprocédés ultérieurs ou comme matière première dans des chaînes d’approvisionnement déjà établies.

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Un autre produit généré est la lignine de haute pureté, un polymère végétal qui était auparavant considéré comme un sous-produit de peu de valeur, mais qui se positionne désormais comme un élément clé pour les résines, matériaux isolants ou même comme un possible substitut du graphite dans les batteries. La qualité chimique de ce produit à la plante pilote permet d’explorer des solutions de plus haute technologie.

Le troisième composé obtenu est le furfural à bas coût, une molécule organique utilisée comme solvant et base pour la fabrication de plastiques, résines et divers produits chimiques. Son extraction à partir de déchets agro-industriels ouvre la voie à des procédés de production plus durables dans l’industrie chimique européenne.

Un processus basé sur des solvants verts et un impact environnemental réduit

Le cœur de la technologie mise en œuvre à Móstoles repose sur l’utilisation de gamma-valerolactone (GVL), un solvant qualifié de « vert » en raison de son impact environnemental réduit comparativement à d’autres composés conventionnels. Ce liquide agit comme milieu de réaction, facilitant la séparation et la transformation des composants de la biomasse en différentes fractions d’intérêt.

Une des grandes avantages de ce processus est que la GVL peut être récupérée presque dans son intégralité après les réactions chimiques et réutilisée dans de nouveaux cycles. Cette capacité de recyclage réduit considérablement à la fois la consommation de produits chimiques et les déchets générés, point critique dans l’industrie de transformation de la biomasse.

Selon l’équipe de recherche de l’ICP-CSIC, cette technologie propose une alternative réelle et durable pour la valorisation des déchets agro-industriels, car elle combine un rendement compétitif avec une empreinte environnementale réduite. Ce modèle répond aux exigences actuelles de l’Union Européenne en matière de durabilité et d’efficacité des ressources.

En outre, le système a été conçu pour être techniquement et économiquement viable s’il est étendu à des installations de plus grande taille. La possibilité d’intégrer la récupération du solvant, d’optimiser les consommations énergétiques et de maximiser l’utilisation de la biomasse rend le processus attractif pour le secteur privé.

Pour les entreprises, notamment pour celles générant de grands volumes de résidus organiques, bénéficier de ce type de solutions pourrait signifier un changement dans leur gestion des déchets, passant de la considération des déchets comme un coût à les voir comme une source supplémentaire de revenus grâce à de nouveaux produits.

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Capacité de traitement et potentiel industriel de l’installation

Dans cette phase pilote, la plante de Móstoles est dimensionnée pour traiter jusqu’à deux tonnes de biomasse et de déchets agroalimentaires par an. Bien que ce volume puisse sembler modeste, il est suffisant pour valider le rendement du processus, ajuster les paramètres opérationnels et étudier son échelle vers des niveaux préindustriels et industriels.

Avec cette capacité de traitement, il est estimé que l’installation puisse produire chaque année entre 500 et 1.000 kilogrammes de cellulose, qui pourront être utilisés pour des essais ultérieurs de conversion en sucres fermentables, biocarburants ou d’autres dérivés d’intérêt.

Parallèlement, la plante générera entre 200 et 500 kilogrammes de lignine de haute pureté, suffisants pour mener des tests de formulation de résines, adhésifs, matériaux isolants et composants pour des systèmes de stockage énergétique. Ces quantités permettront aux équipes de R&D d’évaluer les propriétés et comportements dans diverses applications.

En ce qui concerne la troisième ligne de produit, elle devrait atteindre entre 100 et 300 kilogrammes de furfural par an. Ce volume est adéquat pour des études de qualité, stabilité et compatibilité dans les chaînes de production de l’industrie chimique, ainsi que pour explorer de nouvelles voies de synthèse qui tirent parti de sa structure moléculaire.

Tout cela fait de la plante un outil de démonstration technologique permettant au CSIC de rapprocher ses développements du tissu productif, facilitant le transfert vers les entreprises du secteur agro-industriel intéressées par des solutions avancées de bioraffinage.

Intégration dans le projet BIORREFINA et stratégie de transition énergétique

Cette nouvelle installation fait partie du projet BIORREFINA, une initiative soutenue par le CSIC et financée par des fonds européens provenant du Plan de Récupération, Transformation et Résilience. Ce programme vise à moderniser l’économie et accélérer l’adoption de technologies qui favorisent un modèle productif plus durable.

Au sein du CSIC, BIORREFINA s’intègre dans la Plateforme Thématique Interdisciplinaire PTI-TRANSENER, qui regroupe des équipes de recherche issues de divers domaines afin de produire du savoir appliqué et collaborer avec l’industrie dans le domaine de la transition énergétique. La plante de Móstoles est l’un des éléments tangibles de cet effort coordonné.

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Le projet est aligné sur les objectifs européens d’économie circulaire, de décarbonisation et d’utilisation efficace des ressources, qui promeut la réduction des déchets et le remplacement progressif des matières premières fossiles par des sources renouvelables. La valorisation des déchets agroalimentaires s’inscrit dans cette logique, en réduisant les émissions liées à leur gestion traditionnelle et en créant des produits avec une empreinte carbone inférieure.

Plus largement, cette plante pilote représente une opportunité pour Móstoles et ses environs d’attirer une activité liée à l’innovation, renforçant le tissu économique local et ouvrant la voie à de futures collaborations avec des entreprises des secteurs agro-industriel, chimique et énergétique.

La mise en service de cette installation du CSIC à Móstoles illustre comment la recherche publique peut se concrétiser en infrastructures spécifiques permettant de tester des solutions de bioraffinage ayant le potentiel de s’étendre à travers l’Espagne et l’Europe, en avançant vers un modèle dans lequel les déchets organiques deviennent une composante essentielle de la chaîne de valeur industrielle.

Mon avis :

La nouvelle plante pilote du CSIC à Móstoles représente une avancée significative dans la valorisation des déchets agroalimentaires, offrant des matières premières de haute qualité comme la cellulose et la lignine. Cependant, son volume de traitement annuel limité (deux tonnes) pourrait freiner son impact à grande échelle. L’utilisation de solvants verts, comme la gamma-valerolactone, réduit l’empreinte environnementale, bien que les défis liés aux coûts de mise en œuvre à plus grande échelle persistent.

Les questions fréquentes :

Quelle est la fonction de la nouvelle plante pilote à Móstoles ?

La nouvelle plante pilote à Móstoles est conçue pour démontrer comment la biomasse et les déchets de l’industrie agroalimentaire peuvent être transformés en matières premières de haute valeur pour l’industrie. Elle sert de plateforme intermédiaire entre le laboratoire et l’industrie pour tester la viabilité technique des processus avancés de bioraffinerie.

Quels produits peuvent être obtenus à partir de cette technologie ?

Grâce à cette technologie, il est possible d’obtenir de la cellulose de haute pureté, de la lignine de haute pureté et du furfural à bas coût. Ces produits ont des applications variées dans des secteurs tels que l’énergie, les matériaux avancés, les résines et la production de biocarburants.

Comment la plante contribue-t-elle à l’économie circulaire ?

La plante contribue à l’économie circulaire en valorisant des déchets qui, autrement, seraient sous-utilisés. Elle transforme des sous-produits agricoles en matériaux utiles, réduisant ainsi les déchets et améliorant l’efficacité des ressources au sein de l’industrie.

Quel est l’impact environnemental de ce processus ?

Le processus utilise un solvant considéré comme « vert », la gamma-valerolactone (GVL), qui a un impact environnemental réduit par rapport à d’autres solvants. De plus, la capacité de récupération de la GVL après les réactions chimiques diminue considérablement les déchets et la consommation de produits chimiques, favorisant un modèle de production plus durable.

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