En décembre 2025, la multinationale suisse Glencore a lancé un nouveau système de quotas pour l’exportation de cobalto en République Démocratique du Congo (RDC). Ce premier envoi pilote marque une relance cruciale après plusieurs mois de suspension, suscitant l’attention de l’industrie des batteries en Europe, dépendante de ce métal stratégique.

Glencore lance son premier envoi de cobalto sous le nouveau système de quotas du Congo

La multinationale suisse Glencore a officiellement commencé son activité sous le nouveau schéma d’exportation de cobalto de la République Démocratique du Congo (RDC) en obtenant l’autorisation d’exporter un premier chargement au sein du système de quotas instauré. Cet envoi, d’une ampleur réduite, a pour but de tester le fonctionnement de l’ensemble des procédures administratives, fiscales et de contrôle qui s’inscrivent dans le cadre des nouvelles régulations congolaises.

Un système de quotas pour réguler les exportations de cobalto

Selon les sources gouvernementales et commerciales rapportées par Reuters, le nouveau système de quotas a vu le jour le 16 octobre dans l’objectif d’organiser les flux d’exportation de cobalto, de renforcer le contrôle étatique et d’augmenter les revenus fiscaux. Pour le quatrième trimestre de l’année, les autorités ont fixé un quota total de 18 125 tonnes métriques, tandis qu’à partir de 2026, les exportations annuelles seront plafonnées à 96 600 tonnes.

La RDC, qui représente plus de 70 % de la production mondiale de cobalto, a une production estimée à environ 280 000 tonnes métriques pour l’année en cours. Par conséquent, toute modification réglementaire à Kinshasa a des conséquences directes sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, notamment en Europe, où ce métal est largement utilisé pour les batteries de véhicules électriques, le stockage énergétique et certains composants électroniques.

Le régulateur congolais ARECOMS se réserve un 10 % du volume total autorisé comme réserve stratégique, ce qui permettra au pays de mieux négocier face aux fluctuations du marché international. Le reste du quota est distribué entre les entreprises productrices en fonction de leur capacité et des accords passés avec le gouvernement.

Dans ce contexte, Glencore et la société chinoise CMOC, les deux plus grands producteurs de cobalto au monde, sont les principaux bénéficiaires en termes de volumes alloués. Pour le dernier trimestre, CMOC se voit attribuer un quota de 6 650 tonnes, tandis que Glencore peut exporter 3 925 tonnes de ses mines en RDC.

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Un envoi pilote pour tester le nouveau modèle

Les autorités de la RDC ont donné leur feu vert pour un premier envoi réduit de cobalto réalisé par Glencore, qui est conçu pour vérifier le bon fonctionnement du nouveau système. Cet envoi respectera toutes les étapes nécessaires : notification préalable aux autorités, préparation des échantillons, analyse en laboratoire pour certifier la qualité et le volume, ainsi que le paiement des redevances dues.

Le gouvernement congolais a établi une redevance de 10 % sur la valeur du métal, qui devra être acquittée une fois la qualité du matériel exporté confirmée. Sans justificatif de paiement, le départ de la cargaison du pays est interdit. Ce mécanisme vise à accroître la collecte fiscale et à prévenir les pratiques opaques ainsi que les sous-déclarations.

Les responsables affirment que ce premier envoi constitue un véritable test : si le processus fonctionne sans engendrer de goulets d’étranglement, les autres exportations devraient s’accélérer avec le temps. L’objectif de Kinshasa est qu’une fois la phase d’apprentissage terminée, le système soit plus fluide tant pour l’administration que pour les entreprises.

Glencore exploite les mines de Mutanda et Katanga, deux ressources essentielles pour le marché mondial du cobalto. Bien que l’entreprise ait choisi de ne pas faire de commentaires publics sur cet envoi initial, elle a toujours soutenu un modèle d’exportation basé sur des quotas, contrairement à CMOC, qui préférait la suppression complète de la prohibition d’exportation.

CMOC, via sa filiale Tenke Fungurume Mining, a également entamé les démarches pour se conformer au nouveau système et préparer ses propres envois. À ce jour, les acteurs du secteur, y compris ARECOMS et le ministère des Mines, ont choisi de garder le silence, soulignant ainsi la sensibilité politique et économique de cette transition.

Exigences strictes et préoccupations dans le secteur minier

Le dispositif mis en place par la RDC impose des exigences plus sévères aux exportateurs. En plus de la notification préalable et de l’échantillonnage obligatoire, un certificat de conformité est nécessaire avant que tout chargement ne puisse quitter les lieux de stockage pour se diriger vers les ports ou les frontières. En l’absence de ce document, le métal reste bloqué.

Un des points les plus délicats est l’obligation de prépayer la redevance de 10 % dans un délai de 48 heures suivant la notification de l’opération. Les groupes de pression miniers du pays ont averti que cette exigence, combinée à un manque de clarté concernant certains processus et les délais d’analyse, pourrait entraîner des retards significatifs et alourdir les coûts financiers pour les entreprises.

Les organisations professionnelles du secteur ont demandé au gouvernement des réunions urgentes afin de clarifier les ambiguïtés légales et de résoudre les obstacles pratiques au respect des normes. Elles craignent qu’une mise en œuvre trop rigide ou mal coordonnée engendre une cascade de retards, affectant non seulement les entreprises minières, mais également l’ensemble de l’industrie dépendant du cobalto congolais.

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Bien que le gouvernement à Kinshasa menace de sanctions pour non-compliance avec les nouvelles règles, la mise en route du système se déroule plus lentement que prévu. Les exportateurs rencontrent des formulaires peu clairs, des exigences de paiements complexes et des incertitudes concernant les délais d’autorisation, ralentissant ainsi la sortie de cargaisons de taille normale.

Au départ, les opérateurs misaient sur un démarrage des envois vers les fonderies internationales en janvier, mais des voix du secteur admettent désormais que le calendrier est en retard, positionnant le premier chargement standard aux alentours d’avril. D’ici là, le marché devra encore faire face à des envois limités et à un certain degré d’incertitude.

Impact sur les prix et la chaîne de production de batteries en Europe

L’interruption des exportations pendant plusieurs mois, couplée à l’instauration du nouveau système de quotas, a eu un impact direct sur le prix international du cobalto. Ce métal se négocie désormais autour de 24 dollars par livre (environ 52 900 dollars par tonne), soit bien au-dessus des plus bas records de neuf ans observés en février, où le prix était tombé à environ 10 dollars par livre.

Pour le marché européen, qui accélère l’adoption des véhicules électriques et établit plusieurs usines de batteries au sein de l’UE, ces fluctuations représentent un défi supplémentaire. La dépendance à l’égard de la RDC reste très forte, et toute restriction ou retard dans les exportations se traduit par des pressions sur les coûts de production, des tensions dans les contrats à long terme, et la nécessité de rechercher des fournisseurs alternatifs.

Les nouvelles régulations congolaises pourraient, à moyen terme, favoriser une plus grande stabilité de l’offre si elles parviennent à réduire l’informalité et à améliorer la transparence fiscale. Cependant, à court terme, l’industrie européenne se trouve dans un contexte de transition complexe, où la combinaison de quotas, de formalités administratives et de coûts fiscaux tend à alourdir le prix du métal et à prolonger les délais de livraison.

Parallèlement, l’UE promeut des politiques visant à diversifier l’approvisionnement en minéraux critiques et à augmenter le recyclage des batteries, afin que la demande en cobalto puisse être partiellement satisfaite par des matériaux secondaires. Néanmoins, la position prédominante de la RDC en matière d’extraction primaire rend difficile toute réduction rapide de l’exposition à ce pays.

Les acteurs européens de la chaîne de valeur — des fabricants de cellules aux marques automobiles — suivent de près l’évolution des exportations de Glencore et CMOC, car cela influence directement l’équilibre entre l’offre et la demande dans les mois à venir. Tout revers dans le déploiement du système de quotas pourrait raviver les tensions sur les prix et obliger à renégocier les contrats d’approvisionnement.

Un équilibre fragile entre contrôle étatique et fluidité commerciale

Le gouvernement de la RDC vise, avec ce schéma, un double objectif : un contrôle plus strict sur cette ressource stratégique et l’augmentation des recettes publiques liées à son exploitation. Toutefois, le défi consiste à s’assurer que le cadre réglementaire ne freine pas l’activité commerciale ni n’incite à des délocalisations d’investissements vers d’autres pays producteurs.

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En soutenant un système basé sur des quotas, Glencore semble choisir un modèle plus prévisible et planifié, même si cela implique d’accepter certaines limites au volume exporté durant chaque période. Pour les grandes compagnies minières, la certitude réglementaire et la possibilité de planifier à l’avance la production et la logistique peuvent compenser en partie le coût additionnel des redevances et des contrôles.

D’un autre côté, des entreprises comme CMOC ont plaidé pour la levée totale de la prohibition sans quotas stricts, craignant que ces restrictions de volume et les formalités supplémentaires nuisent à la compétitivité du cobalto congolais face à d’autres sources. Cette tension persistante entre contrôle et flexibilité demeurera très présente dans les négociations politiques et commerciales à venir.

Les premiers mois d’application des nouvelles regles constitueront, de facto, une période d’adaptation pour tous les acteurs : autorités, entreprises, commerçants et clients internationaux. Le succès de cette phase de rodage déterminera si le système est capable de stabiliser le marché ou s’il introduit un nouveau facteur de volatilité pour cette matière première essentielle à la transition énergétique.

À l’épreuve des événements, l’initiation de l’envoi pilote par Glencore montre que les rouages commencent à se mettre en mouvement, bien que cela soit fait avec précaution et davantage de questions en suspens que de réponses. L’évolution des chargements suivants et la capacité de l’administration congolaise à accélérer les processus seront cruciales tant pour l’industrie des batteries en Europe que pour l’ensemble du marché du cobalto.

Mon avis :

Glencore a lancé un premier chargement de cobalto sous le nouveau système de quotas congolais, marquant la reprise d’exportations cruciales pour l’industrie des batteries. Bien que ce cadre puisse renforcer la transparence et réguler les flux, des exigences strictes posent des défis logistiques, pouvant impacter la chaîne d’approvisionnement européenne, alors que le prix s’établit autour de 47 900 € par tonne.

Les questions fréquentes :

Quelle est l’importance du cobalt en République Démocratique du Congo (RDC) ?

La République Démocratique du Congo concentre plus de 70 % de la production mondiale de cobalt, essentiel dans les batteries pour véhicules électriques et d’autres dispositifs électroniques. Le pays joue ainsi un rôle crucial dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, en particulier pour l’industrie automobile européenne.

Quelles sont les nouvelles réglementations sur l’exportation du cobalt ?

Depuis le 16 octobre, un nouveau système de quotas a été mis en place pour contrôler les exportations de cobalt en RDC. Ce système vise à renforcer le contrôle étatique et à maximiser les revenus fiscaux, limitant les exportations annuelles à 96 600 tonnes à partir de 2026.

Quels sont les défis liés au nouveau système de quotas ?

Ce système impose des exigences strictes aux exportateurs, notamment la prénotification et un certificat de conformité avant que le cobalt puisse être transporté. Ces nouveaux processus peuvent entraîner des retards et des coûts supplémentaires pour les compagnies minières, ce qui pourrait affecter l’approvisionnement pour l’industrie.

Comment le nouveau système de quotas affecte-t-il les prix du cobalt ?

Le blocage des exportations pendant plusieurs mois a entraîné une hausse des prix du cobalt, qui se négocie actuellement autour de 52 900 dollars la tonne (environ 49 500 euros), bien au-dessus des niveaux les plus bas enregistrés précédemment. Ce contexte crée des tensions sur les coûts de production, en particulier pour les fabricants de batteries en Europe.

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