Alphabet, la société mère de Google, vient de conclure l’une des transactions les plus stratégiques de son histoire. Le groupe technologique californien a annoncé le rachat d’Intersect Power pour un montant de 4,75 milliards de dollars en espèces. Cette acquisition marque un tournant dans la stratégie énergétique des géants de la tech, qui doivent désormais sécuriser leur approvisionnement électrique face à la demande croissante de leurs infrastructures d’intelligence artificielle. L’opération devrait être finalisée au cours du premier semestre 2026, sous réserve des approbations réglementaires habituelles.
Intersect Power, fondée en 2016, s’est rapidement imposée comme un acteur majeur du secteur énergétique américain, spécialisé dans le développement de projets combinant énergie renouvelable et capacités de stockage par batterie. Ce leader du solaire et de l’éolien revendique actuellement 10,8 gigawatts de capacité électrique en service ou en construction, avec des projets programmés pour être raccordés au réseau d’ici 2028. Cette puissance équivaut à l’alimentation de plusieurs millions de foyers américains, une capacité considérable qui va permettre à Google de sécuriser son autonomie énergétique.
Cette transaction intervient dans un contexte de pression croissante sur les infrastructures électriques américaines. Les centres de données dédiés à l’IA consomment des quantités phénoménales d’électricité, et la course à la puissance de calcul ne montre aucun signe de ralentissement. En intégrant directement un producteur d’énergie renouvelable à son portefeuille, Google adopte une approche radicalement différente de ses concurrents, qui se contentent généralement de signer des contrats d’approvisionnement avec des fournisseurs tiers.
Une stratégie énergétique audacieuse face à la demande croissante de l’IA
La décision de Google de procéder à cet investissement massif dans le marché de l’énergie répond à une nécessité impérieuse : alimenter ses centres de données d’intelligence artificielle de manière fiable et durable. Les modèles d’apprentissage profond, comme ceux qui alimentent les services de recherche avancée ou les outils génératifs, nécessitent une puissance de calcul exponentielle. Chaque requête traitée par ces systèmes consomme plusieurs fois plus d’énergie qu’une recherche traditionnelle sur internet.
Les experts du secteur estiment que la consommation électrique des centres de données américains pourrait doubler d’ici 2030. Face à cette perspective, les géants technologiques rivalisent d’ingéniosité pour sécuriser leur approvisionnement. Microsoft a récemment exploré des partenariats avec des centrales nucléaires, tandis qu’Amazon investit massivement dans des fermes solaires à travers le continent. L’approche de Google se distingue par son caractère intégré : en possédant directement les moyens de production, le groupe gagne en flexibilité et en contrôle sur ses coûts énergétiques à long terme.

Les capacités impressionnantes d’Intersect Power
Intersect Power apporte à Google bien plus qu’une simple capacité de production électrique. La société californienne s’est bâtie une réputation d’excellence dans le développement de projets hybrides, associant production solaire ou éolienne à des systèmes de stockage par batteries de grande envergure. Cette combinaison permet de pallier l’intermittence naturelle des sources renouvelables, un défi majeur pour garantir une alimentation continue des centres de données.
Les installations d’Intersect se répartissent stratégiquement sur plusieurs États américains, notamment au Texas, en Arizona et en Californie. Ces zones bénéficient d’un ensoleillement optimal et de régimes de vents favorables, maximisant ainsi la production d’électricité verte. Le portfolio de la société comprend également des projets en phase de développement avancé, ce qui garantit à Google une montée en puissance progressive de ses capacités énergétiques au cours des prochaines années.
| Caractéristique | Détails |
|---|---|
| Capacité totale | 10,8 GW en service ou en construction |
| Technologies déployées | Solaire, éolien, stockage par batteries |
| Zones géographiques | Texas, Arizona, Californie, Nevada |
| Échéance de raccordement | 2028 maximum pour tous les projets |
| Type de projets | Installations hybrides avec stockage intégré |
Un modèle économique qui change la donne
Traditionnellement, les entreprises technologiques signent des contrats d’achat d’électricité à long terme, appelés PPA (Power Purchase Agreements), avec des producteurs indépendants. Ces accords garantissent un approvisionnement stable mais limitent la maîtrise des coûts et de la flexibilité opérationnelle. En acquérant directement Intersect, Google s’affranchit de ces contraintes et peut optimiser la gestion de ses ressources énergétiques selon ses besoins spécifiques.
Cette verticalisation énergétique présente plusieurs avantages stratégiques. Premièrement, elle permet d’aligner parfaitement la production d’électricité avec les pics de demande des centres de données. Deuxièmement, elle offre une protection contre la volatilité des prix de l’électricité sur le marché de gros. Troisièmement, elle positionne Google comme un acteur crédible dans la transition énergétique, renforçant son image en matière de responsabilité environnementale. Cette approche pourrait inspirer d’autres géants de la technologie à suivre une voie similaire, transformant ainsi le paysage du secteur énergétique américain.
- Contrôle total sur la chaîne d’approvisionnement énergétique
- Optimisation des coûts à long terme sans intermédiaires
- Flexibilité opérationnelle pour adapter la production aux besoins
- Protection contre la volatilité des prix du marché
- Amélioration de l’empreinte environnementale globale du groupe
Les enjeux financiers et stratégiques d’un investissement record
L’enveloppe de 4,75 milliards de dollars consacrée à cette transaction place l’acquisition d’Intersect parmi les opérations majeures d’Alphabet, même si elle reste loin du record établi par le rachat de Motorola Mobility pour 12,5 milliards en 2012. Néanmoins, cette opération revêt une dimension stratégique sans précédent pour le groupe californien. Contrairement aux acquisitions technologiques traditionnelles visant à enrichir un portefeuille de services ou de brevets, celle-ci concerne un actif physique vital pour le fonctionnement même de l’entreprise.
Les analystes financiers scrutent cette opération avec attention, car elle pourrait préfigurer une nouvelle ère dans les stratégies d’investissement des géants de la tech. La possession directe d’infrastructures énergétiques modifie profondément le profil de risque et la structure de coûts d’une entreprise. Pour Google, cet investissement représente un pari sur la stabilité à long terme de ses coûts opérationnels, dans un contexte où la demande énergétique ne cesse de croître.
Comparaison avec les stratégies des concurrents
La stratégie adoptée par Google contraste fortement avec celles de ses principaux rivaux. Amazon Web Services, par exemple, a investi massivement dans des accords d’achat d’électricité renouvelable, devenant le plus gros acheteur corporate d’énergie verte au monde. La société de Jeff Bezos a signé des contrats portant sur plusieurs gigawatts de capacité solaire et éolienne, mais sans jamais franchir le pas de l’acquisition directe d’un producteur.
Microsoft, de son côté, explore des voies plus expérimentales, notamment en s’intéressant aux petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) pour alimenter ses centres de données. L’entreprise de Redmond a également développé un vaste réseau de partenariats avec des producteurs d’énergies renouvelables à travers le monde. Meta (anciennement Facebook) suit une approche similaire à celle d’Amazon, privilégiant les accords d’approvisionnement plutôt que l’intégration verticale. L’acquisition d’Intersect par Google pourrait cependant faire évoluer ces stratégies, si elle s’avère économiquement avantageuse et opérationnellement efficace.
| Entreprise | Stratégie énergétique | Investissements récents |
|---|---|---|
| Google/Alphabet | Acquisition directe de producteur | 4,75 milliards $ (Intersect Power) |
| Amazon/AWS | Contrats d’achat massifs (PPA) | Plus de 20 GW d’accords signés |
| Microsoft | PPA + exploration nucléaire | Partenariats SMR et éolien offshore |
| Meta | Contrats d’approvisionnement | Plusieurs GW de capacité solaire |
| Apple | Autosuffisance renouvelable | 100% renouvelable pour ses opérations |
Impact sur la valorisation et les perspectives d’Alphabet
Les marchés financiers ont accueilli l’annonce avec un mélange de curiosité et de prudence. Si l’investissement de près de 5 milliards de dollars peut sembler conséquent, il représente une fraction modeste des réserves de trésorerie d’Alphabet, qui dépassent régulièrement les 100 milliards de dollars. La vraie question pour les investisseurs porte sur le retour sur investissement à moyen terme et sur la capacité de Google à gérer efficacement des actifs industriels lourds.
Certains analystes soulignent que cette diversification pourrait créer de nouvelles sources de revenus pour Alphabet. En effet, la capacité excédentaire d’Intersect pourrait potentiellement être commercialisée auprès d’autres entreprises ou revendue sur le marché de gros de l’électricité. Cette hypothèse transformerait Google en acteur dual : à la fois consommateur et producteur d’énergie. D’autres observateurs restent plus sceptiques, rappelant que la gestion d’infrastructures énergétiques nécessite des compétences très différentes de celles requises pour développer des services numériques. La réussite de cette opération dépendra largement de la capacité d’Alphabet à intégrer harmonieusement Intersect dans son organisation, tout en préservant l’expertise et l’agilité qui ont fait le succès du producteur d’énergie renouvelable.
- Positionnement stratégique renforcé face à la concurrence technologique
- Sécurisation à long terme des coûts opérationnels énergétiques
- Potentiel de revenus additionnels via la revente d’électricité excédentaire
- Risques opérationnels liés à la gestion d’actifs industriels complexes
- Opportunité de leadership dans la transition énergétique du secteur tech

Implications pour le secteur énergétique et la transition écologique
L’entrée fracassante de Google dans le marché de l’énergie en tant que propriétaire direct d’actifs de production bouleverse les équilibres traditionnels du secteur. Les producteurs indépendants d’électricité renouvelable, qui ont longtemps compté sur les contrats d’approvisionnement des géants technologiques comme source stable de revenus, doivent désormais envisager une nouvelle dynamique concurrentielle. Si d’autres entreprises de la Silicon Valley suivent l’exemple de Google, le paysage énergétique américain pourrait connaître une transformation profonde.
Cette évolution soulève également des questions réglementaires importantes. Les autorités de régulation énergétique, tant au niveau fédéral qu’au niveau des États, devront adapter leurs cadres juridiques pour intégrer ces nouveaux acteurs hybrides, à la fois consommateurs et producteurs d’électricité. La Federal Energy Regulatory Commission (FERC) pourrait être amenée à clarifier le statut de ces entreprises et les règles applicables à leur participation aux marchés de gros de l’électricité.
Accélération de la transition vers les énergies renouvelables
Paradoxalement, l’appétit vorace des centres de données en électricité pourrait accélérer la transition énergétique aux États-Unis. L’acquisition d’Intersect par Google garantit en effet le développement de plusieurs gigawatts de capacité solaire et éolienne supplémentaire au cours des prochaines années. Ces installations viendront s’ajouter au mix énergétique américain, contribuant à réduire la part des combustibles fossiles dans la production électrique nationale.
Les défenseurs de l’environnement observent cette tendance avec un mélange d’espoir et de réserve. D’un côté, l’engagement financier massif des géants technologiques dans les renouvelables injecte des capitaux considérables dans un secteur qui en a grand besoin. D’un autre côté, la demande croissante d’électricité liée à l’IA risque de compenser, voire de dépasser, les gains obtenus grâce au déploiement des énergies vertes. La question cruciale reste donc celle de l’efficacité énergétique des technologies d’intelligence artificielle et de la nécessité de développer des modèles moins gourmands en ressources. L’installation de nouvelles capacités éoliennes et solaires reste néanmoins un signal encourageant pour la décarbonation du secteur électrique.
| Impact | Aspect positif | Aspect négatif |
|---|---|---|
| Production renouvelable | +10,8 GW de capacité verte | Concentration des actifs |
| Investissements | Capitaux massifs dans le secteur | Éviction potentielle d’acteurs plus petits |
| Innovation | Développement de technologies hybrides | Risque de monopolisation technologique |
| Réglementation | Modernisation des cadres juridiques | Complexité accrue de la supervision |
| Marché | Dynamisation du secteur énergétique | Volatilité et incertitudes nouvelles |
Le stockage par batteries, clé de voûte de la stratégie
L’un des atouts majeurs d’Intersect réside dans son expertise en matière de stockage d’énergie par batteries. Cette technologie constitue le chaînon manquant pour rendre les énergies renouvelables vraiment compétitives face aux sources fossiles ou nucléaires, qui offrent une production pilotable et continue. Les systèmes de batteries de grande capacité permettent de stocker l’électricité produite pendant les périodes de forte génération (journées ensoleillées, nuits venteuses) pour la restituer lors des pics de demande ou des creux de production.
Google pourra tirer parti de cette expertise pour optimiser la gestion énergétique de ses centres de données. En combinant intelligence artificielle et systèmes de stockage avancés, le groupe californien pourrait développer des solutions de gestion prédictive de l’énergie, anticipant les besoins en fonction des charges de calcul prévues et des conditions météorologiques. Cette approche pourrait constituer un avantage compétitif significatif, réduisant les coûts tout en maximisant l’utilisation des énergies renouvelables. De telles innovations pourraient ensuite être commercialisées auprès d’autres acteurs, ouvrant de nouvelles opportunités commerciales pour Alphabet dans le domaine des solutions énergétiques intelligentes.
- Capacité de stockage permettant de lisser la production intermittente
- Optimisation algorithmique de la gestion énergétique par IA
- Réduction de la dépendance au réseau électrique traditionnel
- Amélioration de la résilience face aux pannes ou interruptions
- Potentiel de commercialisation de solutions innovantes à d’autres entreprises
Contexte concurrentiel et course à l’autonomie énergétique
La bataille pour la suprématie dans l’intelligence artificielle se double désormais d’une course à la sécurisation énergétique. Les principaux acteurs du secteur technologique ont parfaitement compris que la disponibilité d’électricité abondante et bon marché constituerait un facteur différenciant majeur dans les années à venir. Cette prise de conscience a déclenché une frénésie d’investissements et de partenariats dans le domaine de l’énergie renouvelable, chaque entreprise cherchant à se positionner avantageusement.
La stratégie de Google s’inscrit dans un mouvement plus large d’intégration verticale des chaînes de valeur par les géants technologiques. De la même manière qu’Apple a progressivement internalisé la conception de ses processeurs pour réduire sa dépendance à des fournisseurs externes, Alphabet cherche à contrôler directement son approvisionnement énergétique. Cette tendance reflète une maturité croissante du secteur technologique, où la maîtrise des ressources critiques devient aussi importante que l’innovation logicielle ou algorithmique.
Les autres acquisitions stratégiques dans le secteur tech
L’histoire récente regorge d’exemples d’acquisitions majeures visant à renforcer les positions stratégiques des géants technologiques. Google lui-même a dépensé près de 23 milliards de dollars dans des négociations avec Wiz, une entreprise de cybersécurité, bien que l’opération n’ait finalement pas abouti. Microsoft a consacré des dizaines de milliards de dollars à l’acquisition de LinkedIn, GitHub et Activision Blizzard, consolidant sa présence dans le cloud, le développement logiciel et le gaming.
Ces transactions illustrent une tendance lourde : les entreprises technologiques n’hésitent plus à mobiliser leurs colossales réserves de trésorerie pour des acquisitions transformatrices. Le rachat d’Intersect s’inscrit dans cette logique, avec une particularité notable : il s’agit d’un actif physique et industriel plutôt que d’une société de services ou de logiciels. Cette diversification sectorielle marque peut-être l’émergence d’une nouvelle catégorie d’entreprises technologiques, des conglomérats intégrés verticalement depuis la production d’énergie jusqu’aux services numériques finaux. La concurrence avec d’autres acteurs de l’IA pourrait également influencer ces choix stratégiques.
Perspectives d’évolution du marché énergétique
Les experts anticipent une multiplication des opérations similaires dans les mois et années à venir. Si l’expérience de Google avec Intersect s’avère concluante, d’autres acteurs majeurs de la technologie pourraient rapidement lui emboîter le pas. Amazon, avec ses ressources financières considérables et ses besoins énergétiques encore supérieurs à ceux de Google en raison de son activité AWS, constitue un candidat naturel pour ce type de mouvement stratégique.
Cette évolution pourrait profondément transformer l’industrie énergétique américaine. L’arrivée de nouveaux acteurs disposant de moyens financiers quasi illimités stimulera l’innovation et accélérera le déploiement des technologies renouvelables. Toutefois, elle soulève également des inquiétudes légitimes concernant la concentration du pouvoir économique. Si quelques entreprises technologiques finissent par contrôler des parts importantes de la production électrique, les régulateurs devront veiller à préserver la concurrence et à protéger les consommateurs. Des exemples comme d’autres acquisitions stratégiques dans différents secteurs montrent l’importance d’une régulation adaptée.
| Acteur | Capacité consommée | Stratégie actuelle | Probabilité d’acquisition |
|---|---|---|---|
| Google/Alphabet | ~15 TWh/an | Acquisition Intersect (4,75 Mds $) | Réalisée |
| Amazon/AWS | ~25 TWh/an | PPA massifs | Élevée (12-24 mois) |
| Microsoft | ~12 TWh/an | PPA + exploration nucléaire | Moyenne (24-36 mois) |
| Meta | ~8 TWh/an | Contrats renouvelables | Moyenne (24-36 mois) |
| Apple | ~6 TWh/an | Autosuffisance ciblée | Faible (focus interne) |
- Intensification de la concurrence pour l’acquisition d’actifs énergétiques
- Hausse prévisible des valorisations des producteurs d’énergies renouvelables
- Développement de technologies de stockage toujours plus performantes
- Émergence de nouveaux modèles d’affaires hybrides tech-énergie
- Nécessité d’un cadre réglementaire adapté à ces nouveaux acteurs
Défis opérationnels et techniques de l’intégration d’Intersect
Au-delà des aspects financiers et stratégiques, le succès de cette acquisition dépendra largement de la capacité d’Alphabet à intégrer efficacement Intersect dans son organisation. Gérer des actifs de production électrique requiert des compétences très différentes de celles nécessaires au développement de moteurs de recherche ou d’algorithmes d’intelligence artificielle. Les cultures d’entreprise entre une société technologique de la Silicon Valley et un producteur d’énergie diffèrent considérablement, ce qui peut générer des frictions lors de la phase d’intégration.
Google devra notamment s’assurer de préserver l’expertise technique d’Intersect, tout en l’alignant avec ses propres objectifs stratégiques. La rétention des talents constitue un enjeu crucial : les ingénieurs et gestionnaires de projets qui ont fait le succès d’Intersect pourraient être tentés de rejoindre d’autres entreprises s’ils ne trouvent pas leur place dans la nouvelle structure. Le groupe californien devra donc définir un modèle d’intégration qui maintienne l’autonomie opérationnelle d’Intersect tout en créant des synergies avec les divisions existantes d’Alphabet.
Coordination entre production énergétique et besoins des centres de données
L’un des principaux défis techniques consistera à synchroniser la production d’électricité d’Intersect avec les besoins fluctuants des centres de données de Google. Les charges de calcul varient considérablement selon les heures de la journée, les jours de la semaine et les périodes de l’année. Parallèlement, la production solaire et éolienne dépend des conditions météorologiques, qui ne correspondent pas nécessairement aux pics de demande.
Pour relever ce défi, Google dispose d’un atout majeur : son expertise en matière d’intelligence artificielle et d’optimisation algorithmique. Le groupe pourrait développer des systèmes de gestion énergétique prédictive, capables d’anticiper simultanément les besoins en calcul et les conditions de production. Ces outils pourraient par exemple déplacer certaines charges de travail non urgentes vers les moments de forte production renouvelable, ou moduler l’intensité des traitements en fonction de la disponibilité électrique. Une telle approche maximiserait l’utilisation directe de l’électricité verte tout en minimisant le recours au réseau traditionnel. Des initiatives comparables dans d’autres domaines, comme les investissements massifs dans la technologie, montrent la pertinence de cette approche intégrée.

Gestion des risques réglementaires et environnementaux
L’exploitation d’infrastructures énergétiques soumet Alphabet à un ensemble de contraintes réglementaires auxquelles l’entreprise n’était pas confrontée auparavant. Les producteurs d’électricité doivent se conformer à de nombreuses réglementations fédérales et étatiques concernant la sécurité, l’environnement, le raccordement au réseau et la participation aux marchés de gros. Google devra développer ou acquérir rapidement les compétences juridiques et réglementaires nécessaires pour naviguer dans cet environnement complexe.
Les enjeux environnementaux constituent un autre domaine de vigilance. Bien que les énergies renouvelables soient généralement considérées comme bénéfiques pour l’environnement, leur déploiement peut générer des controverses locales concernant l’utilisation des terres, l’impact visuel des installations ou les effets sur la faune. Google devra s’assurer qu’Intersect maintienne des standards élevés en matière de responsabilité environnementale et de relations avec les communautés locales, sous peine de voir sa réputation écornée par des conflits d’acceptabilité sociale. Les stratégies d’autres acteurs dans le secteur énergétique peuvent offrir des enseignements précieux.
- Conformité réglementaire aux normes fédérales et étatiques strictes
- Coordination technique entre production variable et demande fluctuante
- Rétention des talents d’Intersect dans un nouvel environnement corporate
- Acceptabilité sociale des projets énergétiques auprès des communautés
- Cybersécurité renforcée pour protéger les infrastructures critiques
- Gestion des interconnexions avec le réseau électrique national
Opportunités d’innovation technologique
Malgré ces défis, l’intégration d’Intersect ouvre également des perspectives d’innovation passionnantes. La combinaison de l’expertise énergétique d’Intersect et des capacités technologiques de Google pourrait donner naissance à de nouvelles solutions dans plusieurs domaines. La gestion intelligente des réseaux électriques, par exemple, pourrait bénéficier grandement de l’application d’algorithmes d’apprentissage automatique pour optimiser les flux d’énergie et anticiper les défaillances.
Le développement de matériels spécialisés constitue une autre avenue prometteuse. Google conçoit déjà ses propres processeurs TPU (Tensor Processing Unit) optimisés pour les charges de travail d’IA. L’entreprise pourrait étendre cette approche au domaine de l’électronique de puissance et des systèmes de gestion énergétique, créant des équipements sur mesure pour maximiser l’efficacité de ses installations. Ces innovations pourraient ensuite être commercialisées, transformant Google en fournisseur de solutions pour l’ensemble du secteur énergétique. Des parallèles peuvent être tracés avec d’autres secteurs où l’innovation transforme les modèles traditionnels, comme dans le domaine des télécommunications.
| Domaine d’innovation | Application potentielle | Avantage compétitif |
|---|---|---|
| IA pour la gestion énergétique | Prédiction production/consommation | Optimisation coûts et efficacité |
| Électronique de puissance | Onduleurs et convertisseurs avancés | Meilleur rendement système |
| Stockage d’énergie | Gestion intelligente batteries | Prolongation durée de vie |
| Maintenance prédictive | Analyse données équipements | Réduction temps d’arrêt |
| Microgrids intelligents | Réseaux autonomes pour data centers | Résilience et indépendance |
Pourquoi Google a-t-il décidé d’acquérir Intersect Power plutôt que de signer des contrats d’approvisionnement classiques ?
L’acquisition d’Intersect pour 4,75 milliards de dollars permet à Google de contrôler directement sa chaîne d’approvisionnement énergétique, offrant une flexibilité opérationnelle et une protection contre la volatilité des prix. Cette intégration verticale garantit également l’alignement parfait entre production électrique et besoins des centres de données, tout en positionnant Alphabet comme un acteur crédible dans la transition énergétique.
Quelles sont les capacités énergétiques qu’Intersect Power apporte à Google ?
Intersect Power dispose de 10,8 gigawatts de capacité électrique en service ou en construction, principalement basée sur des projets hybrides combinant solaire, éolien et stockage par batteries. Ces installations, réparties dans plusieurs États américains comme le Texas, l’Arizona et la Californie, devraient toutes être raccordées au réseau d’ici 2028, garantissant une montée en puissance progressive des capacités énergétiques de Google.
Comment cette acquisition se compare-t-elle aux stratégies énergétiques des autres géants technologiques ?
Contrairement à Amazon, Microsoft ou Meta qui privilégient les contrats d’achat d’électricité à long terme (PPA), Google adopte une approche d’intégration verticale en possédant directement un producteur d’énergie. Cette stratégie unique dans le secteur technologique pourrait inspirer d’autres acteurs, notamment Amazon qui consomme environ 25 TWh annuels et pourrait envisager une opération similaire dans les 12 à 24 mois.
Quels sont les principaux défis de l’intégration d’Intersect dans l’organisation d’Alphabet ?
Les défis majeurs incluent la synchronisation entre production énergétique variable et besoins fluctuants des centres de données, la rétention des talents d’Intersect, la conformité aux nombreuses réglementations fédérales et étatiques du secteur énergétique, et l’acceptabilité sociale des projets. Google devra également développer rapidement des compétences juridiques et opérationnelles spécifiques à l’industrie électrique, très différentes de son cœur de métier technologique.
Quand l’acquisition d’Intersect Power sera-t-elle finalisée et quelles sont ses implications pour le marché de l’énergie ?
L’acquisition devrait être finalisée au cours du premier semestre 2026, sous réserve des approbations réglementaires. Cette opération pourrait transformer profondément le paysage énergétique américain en inaugurant une nouvelle ère où les géants technologiques deviennent à la fois producteurs et consommateurs d’électricité. Si l’expérience s’avère concluante, elle déclenchera probablement une vague d’acquisitions similaires et stimulera l’innovation dans les technologies de stockage et de gestion énergétique intelligente.

